Les Amis des Mées
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HALLOWEEN - AÏOLEEN

Cette très ancienne fête a une longue et profonde histoire. L'origine remonte à nos lointains prédécesseurs dans ce pays des Mées : le celto-liguro-gaulois. Cette tradition devait certainement leur venir des Celtes, puisque dans des régions beaucoup plus au nord, on pratiquait aussi cette cérémonie.

 Aioleen  C'était la fête de la fin des derniers beaux jours, on vénérait le soleil avant le commencement de l'hiver. Cela s'appelait la fête de "Samain" ou de "Saman" ou de "Samonios". Lors de cette nuit, on pensait que le monde des morts, des esprits, pouvait se rendre présent aux humains. Pour côtoyer les esprits bienfaisants, il fallait écarter les esprits maléfiques. Par des rituels ésotériques, en invoquant les dieux protecteurs (Bélénos, Taranis, etc ... ) on tentait de chasser les génies diaboliques. Parmi les divers procédés employés pour faire fuir ces démons, il y avait bien sûr, le feu, alimenté de brindilles de chêne sacré, de gui cueilli par le druide. Dans ce feu, on jetait des pincées de sel (pas beaucoup, car il était rare et cher), diverses plantes et surtout de nombreuses gousses d'ail que l'on mangeait après qu'il soit cuit par le feu sacré. L'ail par son odeur remarquable et ses vertus, a toujours été considéré comme un bienfait de la nature, un don des Dieux pour soulager les hommes. Quelques siècles plus tard, on nommait l'ail, «le thériaque du pauvre», c'est à dire la panacée, le remède qui peut tout guérir. L'ail, qui avait la propriété de chasser les parasites du corps (vermifuge), devait être efficace pour repousser les mauvais esprits. D'où l'habitude de consommer abondamment de l'ail lors de cette nuit de fête, et de faire des libations de cervoise et d'hydromel.

Les Romains, avec tous leur dieux, ne parviennent pas à éteindre cette pratique, au contraire, ayant fait connaître l'olivier et son huile, les celto-liguro-gaulois, en se romanisant, ont accommodé cette huile avec l'ail pour en faire une sauce qu'ils appréciaient grandement. C'est à partir de cette époque là que l'aïoli accompagnait les réjouissances de cette nuit, et la fête en devint encore plus conviviale, d'autant que l'on y avait aussi ajouté le vin que les Romains avaient également introduit.

Les chrétiens non plus, ne réussissent pas à faire abandonner cette fête païenne, tant la population y était attachée. Alors, au IXème siècle, le Pape Grégoire IV la transforme en la fête de tous les Saints et la fixe au 1er novembre, jour où l'on se réjouissait de la félicité de tous les bienheureux.

Ainsi, avec le temps, avec le métissage des cultures, la raison originale de cette fête s'était modifiée, mais ce qui perdurait, c'est que dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre on faisait la fête en mangeant un bon aïoli, ça c'était la tradition.

 Olivier Tastoli aux Mées  Au XVIIIème siècle, demeurait aux Mées, la famille TASTOLI, qui avait sa compagne à Bel-Air (aujourd'hui en ruines, certains avancent que ce toponyme pourrait cacher une influence celtique de Bélénos... ?). Un de leurs fils, Olivier, militaire, part pour le nouveau monde en 1780 avec le corps expéditionnaire du Lieutenant Général ROCHAMBEAU prêter main forte au Général LA FAYETTE et aux néo-américains qui luttaient pour conquérir leur indépendance face aux Anglais. Ensemble, ils forcent les anglais à capituler à Yorktown, en Virginie, le 19 octobre 1781. Tout au long de cette année de guerre contre les anglais, Olivier TASTOLI s'était lié d'amitié avec des colons américains, dont beaucoup étaient d'origine irlandaise. Une dizaine de jours après cette victoire, qu'ils avaient généreusement arrosée, chacun s'apprêtaient à fêter la Toussaint à sa manière. Les Irlandais confectionnaient des lanternes originales avec des betteraves, des navets, des courges creusées, dans lesquels ils pratiquaient quatre trous pour former des yeux, un nez et une bouche, ils mettaient à l'intérieur un peu d'huile et une mèche qu'ils allumaient, puis ils se déguisaient, se «mascaraient» pour cette soirée.

Olivier TASTOLI, avec quelques collègues, comme à leur habitude, avaient préparé un solide aïoli. Bien sûr, en Virginie, ils n'avaient pas trouvé d'huile d'olive, mais de l'huile de cacahuète, en période de guerre, on pouvait s'en accommoder. Et la soirée fut mémorable : les français trouvant la bière excellente, et les irlando-américains se gavant d'aïoli. Olivier TASTOLI, au cours de la nuit, à de nombreuses reprises, entendit le mot «HALLOWEEN» (contraction de «all hallows eve», la veille du jour de tous les Saints). Lui, dans son anglo-provençal très approximatif comprit «AÏOLEEN» et pensa que ses amis disaient ainsi à cause de l'aïoli dont ils se délectaient. Il trouva cela plutôt sympathique et gratifiant.

Revenu aux Mées, dans sa maison de la rue des Auberges, où il fit fabriquer une très belle porte dédiée à la gloire de l'Amérique (que l'on peut encore voir à ce jour), Olivier TASTOLI, racontait volontiers ses aventures américaines, comment ils avaient fait plier les anglais et la grande fête de la Toussaint qui s'en suivit, de l'aïoli monstre qu'ils avaient confectionné et même que les irlandais qui s'étaient tellement régalés, avaient appelé la soirée «AÏOLEEN».

Olivier TASTOLI et quelques amis méens, se disaient que d'américaniser un peu cette fête de la veille de la Toussaint, lui donnerait une vigueur nouvelle et ils décidèrent de l'appeler «AÏOLEEN», comme l'avait nommée les américains. Olivier TASTOLI, n'avait pas insisté sur les lanternes bizarres des irlandais, il savait qu'ici, personne ne voudrait porter le «fanaou» parce qu'on disait toujours «lou mai couilloun faï lume» (1). Il n'avait non plus, pas trop parlé de leur coutume de ses déguiser, il y avait déjà aux Mées le carnaval avec son caramentran et les gens y tenaient, il n'était pas question de le doubler.

Ainsi, aux Mées, depuis la fin du XVIIIème siècle, la nuit du 31 octobre au 1er novembre on célébrait «Aïoleen» avec «estrambord» en partageant un aïoli copieux, et en cette soirée, on goûtait le vin nouveau, d'où le dicton populaire bien connu «Per aïoleen, tasto toun vin»(2). Vers la fin du XIXème siècle avec la modernisation, la dépopulation, la célébration avait perdu de son entrain et petit à petit elle s'est endormie. Quelques anciens évoquaient avec regrets les souvenirs de ces «Aïoleen» joyeux de leur enfance. Les années qui ont suivi, on mangeait souvent un aïoli le 2 novembre, le jour des morts, mais c'était un aïoli triste, plus rien à voir avec l'aïoleen des temps passés.
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Avec les Amis des Mées, nous avons déjà relancé, il y a une vingtaine d'années le Carnaval, pourquoi ne pas refaire la fête d' «AÏOLEEN» ? Surtout si on y ajoute, sans mesure, l'amitié, l'humour et la convivialité....

"Uno vèno d'aiet chasqué jour,
É la santa révendra toujour.
" (3)

"Per la festo d'Aïoleen,
Foou estré malaou oou fadoli
Per pas manja l'aïoli.
"
(4)

(1) C'est le plus idiot qui apporte la lumière.
(2) Pour Aïoleen, goûte ton vin.
(3) Une veine d'ail chaque jour, et la santé reviendra toujours.
(4) Pour la fête d'Aïoleen, il faut être malade ou fou pour ne pas manger l'aïoli.


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