Malheurs et Bonheurs d'une statue Voir aussi Les attributs de Saint Roch Quelques représentations classiques de Saint Roch Prière de Saint Roch |
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Vers 1975-1980, le Pasteur Jean ABEL de Manosque se promenant et visitant la Chapelle Saint-Roch, la trouve bien dévastée et remarque la statue, sans bras, gisant sur le sol; la tête arrachée, le nez cassé se trouve un peu plus loin ainsi que quelques éclats. Pris de compassion, il se charge de ce fardeau, car elle pèse un certain poids, la descend au presbytère et la remet au Père Jean SILVE. Ce dernier réceptionne la statue dans son piteux état et la fait entreposer par Mireille GIRARD dans le cagibi du fond de l'église où sont gardées les anciennes statues religieuses n'étant plus au goût du jour; sa tête et les quelques morceaux sont mis dans un sac plastique attaché à la statue avec un petit mot. |
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De notre côté, lors d'un tout premier chantier de restauration de la chapelle Saint-Roch, nous avions retrouvé dehors, au milieu de gravats, la main gauche bien altérée par un séjour aux intempéries, nous l'avions alors donnée à Mireille GIRARD pour la mettre avec les autres morceaux dans le sac plastique. Comme cette statue est le seul objet qu'il nous restait de la Chapelle Saint-Roch, nous avons voulu, malgré son état, essayer de lui rendre une certaine figure. C'est ainsi, en plusieurs morceaux, que le Père René JURION nous l'a remise lorsque nous nous sommes résolus à la restaurer. Cette rénovation s'est effectuée durant l'été et l'automne 1990. |
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La tête a été refixée en place, les morceaux existants recollés, et les parties manquantes, les trous, les fentes, les éclats, le nez, une partie de la chevelure, les pieds
ont été refaits, remodelés, rebouchés, rejointés soit au plâtre fin soit avec des enduits; le livre et une partie de la main gauche, le socle, ont été repris en bois et en plâtre par Jean-Pierre PINATEL. Dès le début, nous avions décidé, car beaucoup trop compliqué pour nous, de ne pas refaire le bras droit. |
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Ensuite, c'est un voisin, Gilbert FERAUD de Digne, qui s'est proposé pour réaliser la peinture. Lors des réparations et du nettoyage de la statue, nous nous sommes aperçus que la dorure qui la recouvrait était le résultat d'une rénovation passée, faite sans trop de minutie, et qu'en fait, à l'origine, son habit portait une bordure et une ceinture ocre rouge. Nous avons alors pensé restituer ces couleurs initiales.
Gilbert FERAUD a alors apprêté la statue, passé plusieurs sous-couches et couches de peinture pour créer le fond, puis il a peint les couleurs, le visage, la dorure liquide et en pâte pour essayer d'approcher le plus possible la teinte et la patine originale. |
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Comme notre Saint-Roch avait perdu sa pèlerine et les coquilles Saint-Jacques qu'elle portait, nous avons choisi de lui poser de part et d'autre du cou deux coquilles Saint-Jacques dorées, en pendentif pour le symbole. Voilà notre Saint-Roch manchot, bien brillant, ramené à la remise de Jeannot BUÈS pour attendre d'être remonté à la Chapelle. |
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Et là, Jeannot BUÈS, par le plus grand des hasards (qui aurait eu comme arrière pensée
!), la montre à son ami Fernand ISNARD (le hasard encore) qui se trouve être un ébéniste en retraite et toujours prêt à rendre service. De voir ce Saint-Roch ainsi sans bras, ça ne lui plaît guère, il se propose de refaire un bras droit à Saint-Roch. Et sitôt dit, sitôt au boulot; il taille, coupe, façonne, sculte le bois et met en place le bras avec même, le bâton de pèlerin dans la main. Ce n'était pas encore fini, la peinture de ce nouveau bras restait à faire, et Jeannot BUÈS, capable de se transformer en n'importe quel artisan quand il y a quelque chose à faire, prend papier de verre, enduits pinceaux, peinture, dorure et finit le travail au mieux. |
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C'est ainsi qu'après ce long périple, notre Saint-Roch a retrouvé une complète figure décente pour retourner dans la Chapelle. Certainement que les puristes, les maîtres en restauration d'objets d'art, trouveront à redire sur cette uvre, mais tant pis, si la technique de l'art y a un peu perdu, ce qui est sûr, c'est que tous ceux qui ont porté leurs mains sur ce Saint-Roch, et finalement il y en a eu beaucoup, l'ont fait avec tout leur cur, et tout leur amour pour ce village, pour ce pays, pour les gens, et cela ne transparaît pas forcément sous les peintures. |
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Mais n'est-ce pas là, alors, une belle forme de prière que tout ce travail offert ? Et n'est-ce pas là le propos des Saints, fussent-ils des statues, que de susciter de tels élans ???
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Maintenant, pour une autre petite histoire, cette brave statue que l'on a vénéré des années durant au nom de Saint-Roch n'en comporte à vrai dire aucun des attributs caractéristiques, à savoir : soit la jambe découverte montrant un bubon de la peste, soit la compagnie d'un chien sauveur de Saint-Roch ou d'un ange. Par contre cette statue ressemblerait plutôt à Saint-Jacques avec son livre sous le bras, tel que l'on peut le voir dans cette attitude sur un des vitraux de l'église de Dabisse. Le bâton de pèlerin (le bourdon), les coquilles, la pèlerine, Saint-Roch les possédait aussi souvent, bien qu'étant plutôt "Romieu" (car il allait en pèlerinage à Rome) plutôt que "Jacquot" (ceux qui partaient à Saint-Jacques de Compostelle) c'était avant tout un pèlerin. |
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Mais en fin de compte, qu'importe le nom, il a dû être un excellent intercesseur et il est, pour nous, chargé de toutes les prières, de toutes les demandes, de toutes les peines, de toutes les joies que lui ont confiées les gens de ce pays, et à ce titre simplement, il est largement sanctifié et mérite tout notre respect
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Voir aussi : Les attributs de Saint Roch ; Quelques représentations classiques de Saint Roch ; Prière de Saint Roch