Les Pénitents des MéesPoème de Jean-Paul Anselme
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Venez, donc, je vous invite, Prestement, à faire un tour Pour découvrir, au plus vite, Un lieu qui vaut le détour. Il s'ensoleille en Provence Dans l'ex pays bas-alpin Au pied de rochers immenses Que surmontent de grands pins. La rocaille a forme humaine. C'est un rang de pénitents Que, de sa main souveraine, Dieu figea depuis longtemps. Qu'il punit, à sa manière Changeant en un tournemain, En géants moines de pierre, Ces religieux trop humains. |
Ils avaient, oh! peccadille! Commis le péché bénin D'avoir observé des filles Qui poursuivaient leur chemin. Depuis, leurs robes de roche Suscitent bien des égards, Quand, sacrées, elles accrochent La pureté des regards. Mais tout près de la Durance, Frères impies colossaux Ils n'entrent donc plus en transe, Ne subissant que l'assaut Des promeneurs, des touristes Qui se hissent à leur faîte; Qui, innocemment, persistent À leur marcher sur la tête. |
Ont-ils l'âme qui frétille Quand leur passe sur le nez Un essaim de jeunes filles Qui s'en vient papillonner? Or si dans ses blocs de pierre Il battait un cur humain, Sa douleur serait entière, Son martyre inhumain. On peut pour parler des choses Utiliser de bons mots. Mais qui connaît bien les choses Peut mieux en saisir les mots. Venez voir, grandeur nature, Vous serez contraints d'aimer, Ces rocheuses créatures Qui font le charme des MÉES. |