La Provence (dimanche 2 décembre 2001) HISTOIRE Entre chien et loup dans les pas des insurgés. Article de Roberto Figaroli, photos Frédérique Lainé
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Plus de 70 marcheurs ont refait hier, entre Malijai et Les Mées, le parcours des Bas-Alpins qui, en 1851, ont voulu contrer le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte.
"La liberté signifie la responsabilité. C'est pourquoi la plupart des hommes la craignent "
a dit George Bernard Shaw. Hier, pratiquement 150 ans après la grande révolte contre le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, une marche symbolique organisée par Les Amis des Mées entre Malijai et Les Mées a réuni plus de soixante dix marcheurs.
Moment symbolique que celui du passage devant les célèbres Pénitents. Les soixante-dix marcheurs ont rejoint le centre du village des Mées à la lueur des torches enflammées le long du Val de Durance.
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Partis de Malijai, c'est au son des tambours notamment qu'ils ont refait symboliquement le trajet. Symbole fort encore, lorsqu'ils empruntent le sentier terreux le long des Pénitents célèbres. Symbole toujours, lorsque, entre chien et loup, torches enflammées à la main, ils traversent le village des Mées et s'arrêtent un instant devant la célèbre fontaine érigée à la mémoire des révoltés.
Affrontement au sud de village
Ce trajet, de nombreux insurgés l'ont fait le 8 décembre 1851 ou le 9 au matin, on ne sait pas exactement. Toujours est-il qu'il faisait alors très froid et qu'il y avait de la neige. Après s'être rendus à Digne où ils ont investi la préfecture et instauré un comité de résistance, les insurgés se sont dirigés vers Les Mées afin de repousser une colonne militaire qui avait été annoncée.
Le 9 décembre environ 3 000 insurgés étaient au village et massés à l'entrée sud des Mées, attendant l'arrivée de la troupe. Après un affrontement énergique, les militaires décident de se replier et d'attendre des renforts.
De leur côté les insurgés, momentanément victorieux, comprennent que tout est joué car les soulèvements ne sont
pas à la hauteur de leurs espérances. Ils apprennent en effet qu'ils sont les seuls à s'être soulevés. Ils retournent donc dans leurs foyers mais une terrible répression les retrouvera bientôt...
Rejoints à leur entrée au village hier par le théâtre de rue "Tout Sambal", les musiciens ''Peek a boo" qui viennent de St-Maime et de Grenoble ainsi que les danseurs chorégraphes "L'Ane" de Marseille, les marcheurs ont rejoint la place devant la salle des fêtes où les spectateurs nombreux se sont vu offrir du vin chaud.
Le théâtre de rue "Tout Sambal` accompagné de "Peak a boo" et des danseurs chorégraphes de Marseille "L'Ane" ont rejoint les marcheurs à l'entrée du village..
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Une exposition très complète est visible encore aujourd'hui à la salle des fêtes. En la visionnant, vous suivrez pas à pas le cheminement de la République et de la liberté pour lesquelles les insurgés bas-alpins se sont battus.
Pourquoi avoir participé à la manifestation ?
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Jean-Pierre, Dabisse
"J'étais là bien évidemment pour la mémoire de ceux qui ont marché il y a 150 ans, pour ceux qui y ont cru. Et même si le village des Mées a marqué de façon cruelle la fin de leurs espérances, puisqu'ils ont appris ici qu'ils étaient les seuls à s'être soulevés, il était tout à fait normal que nous leur rendions aujourd'hui, un siècle et demi plus tard, la reconnaissance à laquelle ils ont droit. "
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Aldo, Sainte-Tulle
"Il est important de commémorer cette révolte qui est encore trop méconnue. Cette marche représente un des moments forts et le 150ième anniversaire de la République. C'est un engagement fort aussi que le nôtre aujourd'hui. Il signifie clairement que nous sommes de tout cur avec ceux qui ont résisté il y a 150 ans à la prise de pouvoir. Il est important de ne jamais oublier cette page prépondérante de l'histoire."
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Christian, Oraison
"J'ai participé à cette marche pour la valeur symbolique qu'elle revêt. Lors de l'insurrection de 1851, la mobilisation était grande. Plus grande qu'aujourd'hui et pourtant il faisait très froid à l'époque ! J'ai écrit un ouvrage sur cette période qui devrait être édité au printemps prochain. Il s'intitule "Les insurgés républicains d'Oraison et du Val de Rencure."
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