LA FARIGOULO
En 1848, le thym fut adopté par les démocrates provençaux comme emblème de la Montagne ou de la République Démocratique. Nous retrouvons, à Mane, en l849 cette aIlusion à la farigoulo. « L'an mil huit cent quarante neuf et le trente un octobre, nous soussignés, ROCHEBRUN Etienne, MaréchaI des logis de gendarmerie et TOUCHE François, gendarme, tous deux à la résidence de Forcalquier, Basses-Alpes, nous trouvant en tournée dans la commune de Mane avons appris par les personnes dénommées ci-après: 1ier CHAMPSAUR Léon, sans profession, 2ième LATIL Joseph, cafetier, 3ième GALET Marius propriétaire, 4ième AUDOYER Hyppolite, buraliste, domiciliés et demeurant à Mane, que le vingt un du courant, vers neuf heures du soir, quinze jeunes gens du pays ont parcouru le village en portant des torches à la main, chantant la montagnarde, la carmaniole, et autres chants patriotiques, en proférant les cris de vive LEDRU-ROLLIN, vive la Montagne, en prononçant à gorge déployée, en langage du pays, plantarin la farigoulo, Républicain arrapara, la mountagne flourira. Puis ils se rendirent au café LATIL, où ils restèrent jusqu'à onze heures, là ils y chantèrent également les chansons mentionnées ci-dessus, en sortant ils continuèrent en parcourant les rues, jusqu'à minuit et demi, écIairés par des flambeaux. Les dénommés ci-après peuvent fournir des renseignements sur le raisonnement que la bande aurait tenu au café: 1ier SUBE François décoré de l'Empire, 2ème GALET Jean, 3ème MAUREL Michel, 4ème LAUGER Antoine propriétaires demeurant au dit Mane, PAPETI négociant, MERENTER Père et fils, rentiers, domiciliés et demeurant à Marseille. Cette bande était composée de: 1ier AUDOYER Victor, tailleur de pierre, chef, 2ème LAMY Fils aîné, bourrelier et valet de ville, 3ème VALLON Joseph, bourrelier, 4ème ETIENNE enfant de l'hospice de Marseille. » (…) (Source : A.D. des AHP - 4 m 24)
« Plantarin la farigoulo, Républicain, arrapara, La Mountagne flourira. »	Nous planterons le thym, Républicain, il s'enracinera, La Montagne fleurira.
Ce refrain, que chantent ces gens de Mane, est proche de celui que donne Frédéric MISTRAL dans son trésor du félibre: « Planten, planten la farigoulo, Républican, arrapara ! Fasen, fasen la farandoulo E la Mountagno flourira » (Source : Frédéric Mistral - Trésor du Félibre - 1885 - Réédition EDISUD 1979) La farigoulo, (la République) qui devait leur apporter la liberté, l'égalité, la fraternité, ils en avaient senti un bouquet odorant au lendemain des journées de février 1848. C'était alors l'euphorie républicaine de mars 1848. Mais cette farigoulo, peut être trop précocement cueillie, s'était rapidement fanée. Pourtant son parfum, ils ne pouvaient plus l'oublier, il restait dans la mémoire des républicains. La farigoulo demeurait leur espérance. « La république (...) est l'air que nous respirons, et une fois que les nations ont respiré cet air là, elles ne peuvent plus en respirer d'autre » Discours de Victor HUGO à l'assemblée Nationale le 17 juillet 1851