Les Amis des Mées
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Le vin des Mées

"Après quelques années, c'est un cordial, un baume restaurant qui a souvent rendu à la vie des malades désespérés." (1)



Le vin a été pendant des siècles une production importante de notre pays des Mées: " Le vin est de toutes les denrées du pays, celle qui forme le principal revenu des habitants, et qui donne une sorte d'aisance qu'on ne voit pas dans bien d'autres qui sont privés de cette ressource." (2)

La vigne doit être présente aux Mées au moins depuis le premier siècle après J.C., où elle a été introduite par les romains. Elle a rapidement trouvé en ce pays un terrain et des hommes capables de produire avec ces raisins un vin de qualité.

Mais, c'est surtout au XIème et XIIème siècle que la viticulture a du se développer de façon conséquente. Ceci grâce à la présence sur le territoire des Mées de deux prieurés Importants: celui de Paillerols dépendant de Boscodon (ordre de Chalais) et celui de Saint-Michel dépendant de Ganagobie (ordre de Cluny).

Quand on sait l'importance des vignobles monastiques au XIIème siècle, on peut penser qu'une grande partie des terres des plaines (3) était plantée en vignes. C'est à partir de là que se sont transmis cépages et techniques de vinification qui ont fait la réputation du vin des Mées." Il est vrai que dans beaucoup de contrées, (nous ne disons pas du département) mais de la république entière, on ne récolte pas un vin de qualité supérieure à celle du vin des Mées, de l'aveu des meilleurs connaisseurs." (4). Réputation qu'il a conservée jusqu'au début du XXème siècle. Les cépages locaux, bien adaptés aux terrains des Mées, n'ont pas résisté aux attaques de l'oïdium et du phylloxéra.

Après la période des vignes ecclésiastiques, la commune des Mées a continué à produire du bon vin. "Tout ce qui nous reste de documents anciens nous fournit la preuve que, dans tous les temps, nos vins ont été excellents, et, comme tels, recherchés par les gourmets. Nous lisons dans les anciennes délibérations, que, lorsque quelque personnage distingué arrivait aux Mées, on lui faisait des présents en vin, et qu'ils étaient toujours bien accueillis."(5)

Comment était-il ce fameux vin ? Si toutefois on peut le décrire avec des mots : "Ce vin est très spiritueux, gros, mais clair, son parfun de framboise est délicieux. En ayant soin de le clarifier avec des blancs d'oeufs on peut le conserver aussi longtemps qu'on veut, soit dans des vases en bois, soit dans ceux de verre. Après quelques années, c'est un cordial, un baume restaurant qui a rendu à la vie des malades désespérés." (6). Après une telle description, on ne peut que tomber en admiration devant un produit pareil. Il est bien regrettable de n'avoir pu le conserver jusqu'à nos jours, notre village aurait très certainement acquis une réputation internationale pour les médecines douces et serait aujourd'hui un centre important où personnes malades, faibles, viendraient reconquérir une santé en faisant une cure de vin des Mées, ce serait la vinothérapie...

Mais restons sérieux ! Outre cet excellent vin rouge, Les Méens produisaient en moindre quantité un peu de vin blanc, du vin cuit et du vin muscat.

Avant le début du XIXème siècle nous n'avons pas trouvé de chiffres de production précis.

Mais en 1804 nous trouvons "une surface plantée en vigne de 470 hectares et une production de 6400 hl de vin dont on en consomme la moitié sur place, e t 3200 hl sont exportés, la plus grande partiie dans la vallée de Barcelonnette et de Seyne, le restant dans déférentes villes de l'intérieur."(7)

En parcourant les délibérations du conseil municipal du XIXème siècle, nous trouvons les publications du ban des vendanges :

" Les vendanges ne pourront commencer dans toute l'étendue du territoire de cette commune que le vingt deux vendémiaire du présent mois (14 octobre). Ceux qui se permettraient de vendanger avant cette époque seront condamnés à la confiscation de leurs raisins et à l'amende municipale. Ceux qui voudraient couper des raisins blancs ou muscats avant le jour fixé pour l'ouverture des vendanges seront tenus de se munir d'une permission du maire sous les mêmes peines." (8). La date est fixée en fonction de l'état de la vendange. "Considérant que la saison est beaucoup plus avancée que les années précédentes et que tout annonce que la mâturité des raisins sera plus précoce, la vendange s'ouvrira le dix neuf du courant (septembre). Pour faire appliquer ce règlement, et pour surveiller les vignes en général (il semble qu'à cette époque là, il y avait beaucoup de monde dans les vignes) le garde champêtre ne suffit pas, on nomme pour lui aider des garde-vignes, en principe deux, pour un mois," pour surveiller les maraudeurs qui à cette époque occasionnent de grands dégâts dans les vignes" (10)

En 1812 (peut-être y avait-il eu une vague de déliquance) il est nommé cinq garde-vignes car "les vols multipliés qui se commettent dans les campagnes demandent qu'il soit pris des mesures extraordinaires pour arrêter des violations journalières du droit des propriétés. Les gardes champêtres arrêteront et traduiront à la mairie tous ceux qui seront trouvés dans les vignes, champs et sur les chemins après sept heures du soir et avant cinq heures du matin. Les gardes champêtres dénonceront tous ceux qui seront trouvés chassant dans les vignes, ils sont autorisés également à tuer tous les chiens qui sont trouvés dans les vignes." (11)

Toujours en ce début du XIXème siècle, au lendemain de la révolution "qui tout en froissant les intérêts de beaucoup d'individus, a opéré le bien général en donnant une certaine aisance au plus grand nombre : car la nation ne ce compose pas des habitants souvent inutiles de quelques grandes villes, mais des précieux agriculteurs qui habitent la campagne, et qui forment véritablement la nation." (12), on n'était pas avare de réglementations, pour mieux contrôler tous les produits. Il est établi, aux Mées, une taxe sur les vins qui porte un très joli nom : le "droit de rêve" ou imposition de deux centimes et demi sur chaque litre de vin qui se vendra en cette ville des Mées et son terroir par les hôtes, cabaretiers, aubergistes et gargotiers, soit aux étrangers, soit aux personnes de la ville." (13). Pour prévenir toute fraude sur cette taxe, même la consommation personnelle de ces vendeurs de vin est réglementée : "Cette consommation est et demeure fixée savoir pour le maître et le chef de l'auberge, cabaret, gargote et bouchon à un litre de vin par jour, un litre pour chaque valet à gages et un demi litre pour les femmes et enfants au dessus de 7 ans et servantes." (14)

Même le marc de raisin était surveillé, il devait être séché et brûlé sous le contrôle d'un préposé désigné à cet effet. "Pour qu'il ne puisse être diverti à aucun autre emploi." (15)

Les plantations de vignes se situent principalement, dans la plaine moyenne, au pied des collines entre Les Mées et les Pourcelles, où passe actuellement le grand canal E.D.F., il y en avait aussi autour de la ville des Mées, au quartier de la Coste sur les flancs des vallons de Moureisse et de la Combe. "La vallée de la Combe au pied même du périmètre du reboisement était toute complantée en vignes et en ce moment, cette même vallée ne produit pas deux hectolitres de vin. Ensuite, dans la section de la Coste, en dessus du canal, il n'en reste pas deux hectares sur plus de cent qui existaient à l'époque indiquée ci-dessus (1824). Enfin la multitude d'oliviers qui existe en ce moment dans le territoire de la commune a envahi les terrains plantés en vignes et a forcé les propriétaires à arracher des ceps qui ne produisaient presque plus rien." (16)

Les pieds de vignes, surtout jusqu'au milieu du XIIIème siècle, s'éparpillaient sur tout l'espace qui leur était réservé, sans aucun ordre et très serrés. Ceci était dû au fait que pour régénérer un vieux plan, on provignait ("Courba la vigno" en provençal), c'est-à-dire que l'on enterrait, un long sarment, toujours relié à la vigne mère et lorsqu'il était bien enraciné et commençait à produire, en général au bout de quatre ans, or, arrachait le vieux pied de vigne. Si bien, qu'au fil des temps, le vignoble restant en place des décennies les ceps envahissaient tout le terrain.
  A cent ans, uno vigno es encaro un enfant   
A cent ans, une vigne est encore un enfant (dicton provençal)
Ensuite, les vignes ont été plantées en allées et on cultivait entre ces allées, soit des arbres, amandiers, oliviers, soit des céréales. Quand les maladies sont apparues (fin XIXème siècle) et qu'il a fallu "sulfater" et "soufrer" la vigne a été plantée seule en rangée.

Les maladies de la vigne (jusqu'à la deuxième moitié du XIXème siècle) ne causaient pas de gros dégâts. Il n'y avait que quelques petites invasions de parasites (coléoptères, chenilles) qui ne compromettaient pas la récolte. Une année cependant (en 1620) une attaque semble importante. Que faire pour lutter contre ces bestioles? ( GEIGY, BAYER, PEPRO ... et autres n'étaient pas encore sur le marché pour proposer leurs gammes d'insecticides). Seul le personnage le plus puissant de la région pourra intervenir favorablement. Quelques Méens vont donc trouver l'évêque du diocèse, à Riez, et lui demandent d'user de l'arme absolue, de prononcer l'excommunication contre ces chenilles et babarotes (pyrales ou altise? en provençal) qui détruisent les vignes. Nous ne savons pas si le résultat a été positif, mais notre civilisation de pesticides à outrance n'a pas encore envisagé de ré-essayer ce traitement biologique.

Jusqu'au milieu du XIXème siècle, pour entretenir une vigne, peu d'outils étaient nécessaires. Ils étaient les mêmes depuis plus de deux mille ans. Une bonne eissade (houe) dont l'extrémité était plus ou moins large suivant la nature des terrains (large pour les terres légères, pointue pour les terres caillouteuses) avec laquelle on chaussait ou déchaussait la vigne, enlevait les mauvaises herbes, un béchard (houe deux ou trois dents) pour aérer la terre, et un poudo ou poudadouire (serpe à tailler) suffisaient.

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, avec le début du machinisme agricole, on a utilisé la charrue chausseuse et déchausseuse tirée par un cheval ou un mulet, et le sécateur pour faciliter la taille.

Le cépage qui, avec nos terres et notre climat, a donné toute sa personnalité, toute sa force au vin des Mées, s'appelait le bouteillan. C'était le plus répandu, à côté de quelques autres cépages. "Aujourd'hui (en 1868) les cépages dominant dans les plantations des Basses Alpes sont le grenache et le morved, les anciens sont le bouteillan, le catalan, le bruno, l'olivette, le spagen ou gros noir d'Espagne, le crussen en cépages rouges, et en blancs, l'aramon blanc, la clairette, l'ugni, le muscat, la madeleine, le pascal et l'aubier vert, mais de tous les raisins, le grenache, le morved, le bouteillan, et la clairette sont encore les plus répandus." (17)

A Paillerols, où était installée la ferme école départementale, Mr RAIBAUD-L'ANGE soignait bien ses vignes afin de montrer aux élèves les bons procédés viticoles. En 1865 Il y avait 40 hectares de vignes (dont une à la Magnane de 13 hectares et une à la Tourrache de 8 hectares) les deux tiers des cépages étaient du grenache. La moyenne des récoltes, dans ces années-là, se situe à environ 20 hectolitres par hectare de vignes.

Vers 1860-1865 l'oïdium arrive aux Mées, mais les agriculteurs hésitent à traiter au soufre. La maladie va faire des dégâts. A peine l'oïdium commence à être vaincu, que le phylloxéra arrive sournoisement et créé la panique chez les viticulteurs. "Ne nous faisons pas d'illusion, Mr le Ministre, lorsque cet insecte ne trouvera plus de racines de vigne à ronger, puisqu'elles paraissent être sa pâture de prédilection, il est très possible qu'il attaquera les racines des autres arbres et peut-être aussi celles ces céréales." (18). "La maladie n'a pas encore fait de grands ravages dans la commune mais elle prend des proportions assez inquiétantes pour le vignoble, quelques uns arrachent les ceps avant qu'ils soient entièrement attaqué." (19)

Des essais sont faits pour essayer de vaincre cette attaque. Un traitement parmi beaucoup d'autres qui sont expérimentés, consiste à inonder la vigne pour tuer l'insecte. Il a ses adeptes convaincus, des essais sont faits à Dabisse. "En 1876 M.M. GORDE et Louis RICHARD ont inondé plusieurs pièces de vignes, d'une surface totale de 5 à 6 hectares. Ces vignes ne présentaient aucun point d'attaque. L'eau a été maintenue à une hauteur moyenne de 50 centimètres pendant 40 jours sans interruption. En 1877 les vignes inondées ont présenté diverses taches phylloxériques, à l'automne on a recommencé la submersion avec la même exactitude. A la ferme école, un vignoble de 5 hectares a été aussi submergé à la même époque. L'eau y a été maintenue 50 jours. Cette vigne était déjà malade sur divers points. En 1878, tant à la ferme-école que chez les deux autres propriétaires sus-nommés, les taches phylloxériques, au lieu de diminuer ont considérablement augmenté, et même beaucoup de ceps sont morts. En présence de ces résultats tout à fait différents de ceux obtenus chez Mr FAUCON (de Graveson dans les Bouches du Rhône, chez qui la méthode avait parait-il réussi) et chez plusieurs autres propriétaires, on dût admettre que la submersion ne réussissait que dans des conditions particulières non-encore appréciées, car le sol du Plan des Mées est de bonne nature, argilo-calcaire, ni compact, ni trop filtrant et on ne comprend pas pourquoi la submersion n'y produit pas les mêmes effets que dans les Bouches du Rhône."(20)

D'autres méthodes sont employées, le traitement du sol par le sulfure de carbone, on injectait dans des trous distants d'environ 50 cm tout autour des pieds de vigne 8 à 12 g de sulfure de carbone par trou. Pas plus que la précédente, cette méthode ne donna des résultats concluants. Des insecticides sont également employés. Mais quand le questionnaire de l'enquête sur le phylloxéra de 1878 demande : "Quels sont les résultats obtenus par l'emploi de ces insecticides et quelle est la tendance des viticulteurs relativement à leur emploi ?" Le maire des Mées, Gabriel ARNOUX note : "La tendance est de ne pas les employer vu que leur emploi est trop cher." (21)

Déjà beaucoup de vignes sont atteintes, l'enquête de 1878 aux Mées, signale sur 300 hectares de vignes, 80 hectares attaqués et 70 hectares détruits.

La campagne traverse là une crise grave, la vigne, c'est vraiment l'enfant chéri de l'agriculteur et quand il voit mourir sa vigne, c'est son moral qui est atteint. Sa vigne, son vin, c'est l'honneur de sa maison (qu'elle soit grande ou petite). "Boire son vin est un luxe, le seul qu'il se permit, auquel le paysan alpin était fort attaché." (22)

Les plans américains, résistant au phylloxéra, commencent à arriver, mais les agriculteurs refroidis par autant d'échecs et prudents par nature, accueillent sans grand enthousiasme ces plants venus du nouveau monde. "La tendance du viticulteur est d'attendre qu'il y ait une solution à peu près certaine sur la résistance des vignes américaines au phylloxéra." (23)

Le phylloxéra détruit toujours les vignes.

L'enquête de 1879, mentionne que sur les 300 hectares de vignes, 75 hectares sont attaqués mais résistent encore, et 150 hectares ont été détruits.

A partir de 1888 des pépinières de plants américains (Jacquez pour les plants directs, Riparias-Rupestris comme porte-greffes) sont installées dans le département. La première est aux Grillons, puis d'autres suivront, à Forcalquier, Riez, Manosque, afin de régénérer le vignoble Bas-Alpin.

"La vigne constituant la plus importante source de revenu dans nos pays, la lutte contre le phylloxéra est une question de vie ou de mort pour le petit cultivateur, mais celui-ci atteint par le fléau, a épuisé son épargne, il est désarmé. Il convient donc de lui venir en aide. Dans ce but le département crée aux Grillons, près de Digne, une pépinière dont les plants sont distribués gratuitement. Mais, mettre à la disposition des cultivateurs les plants américains ne donnera aucun résultat pratique si par quelque moyen l'on ne provoque pas leurs demandes. Par ignorance le paysan est méfiant, il ne croit que ce qu'il a vu, et la pépinière doit donc être pour lui, en même temps et surtout, un champ d'expériences, une véritable station agronomique où il pourra vérifier les résultats possibles et aussi reprendre confiance."(24)

Par ces nouvelles plantations résistantes, le phylloxéra va être vaincu, mais le vignoble Méens en a pris un sacré coup. Même si l'on a replanté autant de vigne qu'avant la maladie, les cépages originaux, ont souffert et vont disparaître petit à petit au profit des plants directs, d'hybrides plus productifs.

En 1929 il y a encore 235 hectares de vignes, beaucoup sont vieilles. Les arrachages vont commencer.

En 1955 la surface des vignes n'est plus que de 76 hectares. Une image très précise du vignoble nous est donnée par le recensement général du vignoble bas-alpin effectué de février 1956 à janvier 1958. Nous y trouvons encore la trace des cépages qui ont donné au vin des Mées sa réputation. Ce sont vraiment les tout derniers témoins de l'ancienne renommée, témoins qui ne survivront plus longtemps. Les vignes se répartissent comme suit : 136 exploitations exclusivement pour la consommation familiale, en 203 parcelles pour une superficie de 60 hectares 56 ares et 76 centiares et 12 exploitations qui se livrent à la vente de vin, en :
  • 35 parcelles d'une superficie totale de 15 ha 97 a 55ca
  • 57 exploitations ont moins de 0,25 ha, représentant 8 ha 43 a 55 ca
  • 69 exploitations ont moins de 0,25 à 0,99 ha représentant 36 ha 43 a 60 ca
  • 22 exploitations ont de 1 ha à 2,99 ha, représentant 31 ha 67 a 16 ca
Même les cépages sont répertoriés. On trouve :
  • le dattier ce Beyrouth (3 a 60 ca)
  • le gros vert (9 a)
  • les muscats divers de table (1 ha 2 a 89 ca)
  • l'œillade noire (9 a 30 ca)
  • le chasselas (21 a 12 ca)
  • le vinifera divers de cuve (8 ha 29 a 7 ca)
  • l'alicante bouschet (3 ha 86 a 77 ca)
  • l'aramon noir (1 ha 64 a 57 ca)
  • le cinsaut (64 a 54 ca)
  • la clairette blanche (6 ha 6a 31 ca)
  • le gamay noir à jus blanc (69 a 42 ca)
  • le grand noir de la calmette (94 a 72 ca)
  • le grenache noir 3 ha 4 a 76 ca)
  • l'ugni blanc (6 a 70 ra)
  • le bouteillon noir (33 a 38 ca)
  • le teinturier (5 a 15 ca)
  • les hybrides divers de cuve (5 ha 37 a 25 ca)
  • les coudercs divers (1 ha 37 a 25 ca)
  • les coudercs 7120 (15 ha 72 a 1 ca)
  • les seibels divers (11ha 20 a 20 ca)
  • les seibels 7053 (32a 85 ca)
  • les seyves villard divers (3 ha 55 a 47 ca)
  • le seyve villard 18315 (1 ha 64 a 60 ca)
  • I'othello (4 a 34 ca)
  • le jacquez (1 ha 15 a 9 ca)
  • plantiers (39a 25 ca)
  • les cépages indéterminés (8 ha 44 a 35 ca)
soit un total de : 6 ha 48 a 61 ca

Avec la croissance des années 60 et l'accession au V.D.Q.S. le 10 août 1959 des côteaux de Pierrevert, certains notables et certains agriculteurs essaient de donner un second souffle à la viticulture Méenne.

Le 27 octobre 1960 aux Mées se tient l'assemblée générale des vignerons des Basses-Alpes. "Réjouissons-nous du renouveau qui se manifeste dans le domaine viticole et remet en valeur nos vignobles de Haute Provence jugés digne de l'appellation V.D.Q.S. (...) Nous souhaitons obtenir des autorisations de plantations utilisables dans la commune des Mées, afin que revive ce produit de qualité qu'a été si longtemps le vin des Mées.'' (25)

Les vignes ne sont pas plantées. Des cultures nouvelles, maïs surtout, s'installent, et avec l'arrivée du chantier du canal E.D.F. qui traverse la plaine, les bouleversements qu'il amène, le vin des Mées est tombé dans la légende à jamais.

Pour nous parler de ce vin glorieux, il nous reste la mémoire populaire, quelques lignes dans certains livres, de vastes caves délaissées avec leurs grands tonneaux, avec leur tine (cuve) en maçonnerie toute couverte de beaux carreaux de terre cuite émaillée, des noms de quartiers, les vignes de la Coste, des noms de champs, le Jacquez, la Bouteille (à cause du bouteillan), la Vignasse... Et quelques petits vignerons qui ne portent pas leur récolte à la coopérative d'Oraison, mais continuent à faire leur vin, qui, lorsqu'il est fait avec soin et avec de bons raisins, nous rappelle agréablement que notre bonne terre des Mées est toujours capable de nous donner un produit de qualité...

  Evolution des surfaces plantées en vignes et production de vin de la commune des Mées.  
 Années  Surfaces (ha) Productions (hl)
1803 470 10 000
1804 470 6 400
1836 455 6 000
1868 550 5 500  beaucoup de vignes cadastrées ne sont plus entretenues
1871 280 4 800
1872 290 2 900
1876 325 4 500
1880 300 ?
1892 250 5 000
1929 235 ?
1955 76 ?
1970 43   réparties en 61 exploitations
1980 34   réparties en 34 exploitations
1985   encore moins car beaucoup de vignes ont été arrachées récemment (primes à l'arrachage)

  NOTES  

(1) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 66
(2) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 65
(3) Les plaines c'est, dans la région, non une vallée (appelée plan) mais un plateau élevé plutôt aride et sec.
(4) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 65
(5) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 67
(6) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 66
(7) Note du maire des Mées accompagnant la déclaration de récolte de la commune des Mées, an XII (1804). A.D. 12 M art. 4.
(8) Délibération du Conseil Municipal de la ville des Mées, 6 vendémiaire an XIV (28 septembre 1805)
(9) Délibération du conseil municipal des Mées, le 1er septembre 1822
(10) Délibération du conseil municipal des Mées, le 13 septembre 1824
(11) Délibération du conseil municipal des Mées, le 6 septembre 1812
(12) Jean-Jacques ESMIEU - Notice de la ville des Mées - p. 69
(13) Délibération du conseil municipal des Mées, le 7 fructidor an X (25 août 1802)
(14) Délibération du conseil municipal des Mées, le 7 fructidor an X (25 août 1802)
(15) Délibération du conseil municipal des Mées, le 30 vendémiaire an III (21 octobre 1794)
(16) Lettre du maire des Mées, Gabriel ARNOUX, au préfet des B.A. Les Mées, le 24 août 1876.
(17) Étude des vignobles de France. Dr. Jules GUYOT. tome I. Paris MASSON 1871.
(18) Mémoire adressé au Ministre de l'Agriculture de Mr DELHOMME, chef de bureau à la sous-préfecture de Forcalquier, le 10 novembre 1871. A.D. 7 M art. 25
(19) Note du Maire des Mées sur le bulletin de l'enquête sur l'invasion du Philloxéra,Les Mées le 19 juillet 1576. A.D. 13 M art 22
(20) Commission départementale du Philloxéra. Procès verbal de la séance du 29 octobre 1878. A.D. 7 M art. 25
(21) Août 1878 - A.D. 13 M art.
(22) Raoul BLANCHARD. Les Alpes et leur destin.
(23) Réponse à la question : " La tendance des viticulteurs à accepter ou à repousser les nouveaux cépages et s'ils acceptent, à les cultiver pour leur production directe ou à les utiliser comme porte-greffe ? ". Enquête sur le phylloxéra . Le Maire Gabriel ARNOUX . Août 1878. A.D. 13 M art. 22
(24) Le Maire et le conseil municipal de Riez. Lettre du 8 novembre 1888. A.D. 7 M. art. 25
(25) Maurice BOUVET. Maire des Mées. Allocution à l'Assemblée Générale des vignerons des Basses-Alpes. 27 octobre 1960.
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