Les Amis des Mées


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Le Monument Pasteur aux Mées     

Ver à soie sur une branche

Monument Pasteur


Aux Mées, sur la place PASTEUR, devant le groupe scolaire appelé également "PASTEUR", se trouve le monument, simple stèle portant à son sommet le buste du savant avec cette inscription : "à Louis PASTEUR 1822-1895" ainsi qu'une plaque de marbre gravée d'une citation de PASTEUR : "La science a été la passion maîtresse de ma vie, je n'ai vécu que pour elle, et dans les heures difficiles des longs efforts la pensée de la patrie relevant mon courage, j'associais sa grandeur à la grandeur de la science."

Mais rien ne rappelle sa venue dans la commune pour s'occuper des vers à soie.

Ce monument élevé vers 1923-1926 à sa petite histoire.

PASTEUR, comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents est venu principalement à Paillerols chez RAIBAUD-L'ANGE. Il y avait entre le Plan des Mées (Dabisse - Les Pourcelles - Paillerols) et la ville des Mées un vieil antagonisme qui durait depuis déjà très longtemps (au moins depuis 1800-1810) "Depuis vingt années que je suis propriétaire au Plan, l'administration de la Ville nous a toujours payé avec de très belles promesses que les effets n'ont jamais suivi et je crains bien, excusez ma franchise, que tant que le Plan sera uni à la Ville il n'en soit toujours de même" (1)
(1)Lettre de H. RAIBAUD-L'ANGE au Maire des Mées - Paillerols le 22 Juillet 1831

La Ville ne se préoccupait, semble-t-il, pas trop du Plan, et surtout une des principales causes de haine et de rivalité, c'était en été, lors des arrosages les agriculteurs des Mées ne laissaient passer que très peu d'eau dans le canal (la gaspillaient même parait-il) et à Dabisse les cultures séchaient.

A plusieurs reprises le Plan avait demandé sa séparation d'avec la commune des Mées, mais en vain.

"La domination (de la ville (les Mées) est devenue une tyrannie insupportable dont les habitants du Plan viennent enfin solliciter l'affranchissement" (2)
(2)Mémoire présenté à Monsieur le Préfet des Basses-Alpes en division de la commune des Mecs - Imprimerie GUICHARD - Digne vers 1850

Alors quand il est décidé d'ériger un monument à la gloire de PASTEUR, les conseillers municipaux du Plan (qui souvent boudaient les séances du Conseil Municipal pour marquer leur désaccord avec la politique communale) demandent que le monument soit installé à Dabisse, lieu où PASTEUR est venu en priorité, l'endroit avait été choisi, tout était prêt. Ce fut un refus catégorique, le monument serait installé aux Mées, centralisme oblige.

Les conseillers de Dabisse ne se tiennent pas encore pour battus.

Le buste de PASTEUR doit arriver par le chemin de fer et être livré en gare de Peyruis. Les conseillers du Plan au courant du convoi, vont en gare de La Brillane le jour où le train amène le buste et essaient d'obtenir du chef de gare la permission de prendre ce précieux colis afin de l'emmener à Dabisse.

Mais, malheureusement, le chef de gare, fonctionnaire incorruptible et pointilleux, ne veut rien entendre et laisse la marchandise continuer jusqu'à sa gare de destination Peyruis, où une délégation des Mées la récupère.

Les conseillers déçus, regagnèrent leur village.

Quelques semaines plus tard, un dimanche du mois de Juin 1923, le Maire des Mées, Charles JUGY, accompagné du Conseil Municipal (presque au complet) accueillait deux députés Messieurs REYNAUD et ANGLES ainsi que quelques autres personnalités invitées pour l'inauguration de ce monument PASTEUR. On avait fait venir également, pour donner plus d'éclat à la cérémonie "La Musique de la Flotte".

Voici tout ce monde, ainsi qu'une partie de la population du village rassemblé autour de la stèle de PASTEUR (le monument avait été installé initialement près de l'endroit où se trouve actuellement le monument aux Morts, vers 1926, il sera transféré à l'emplacement où on peut le voir aujourd'hui).

M. Paul REYNAUD, faisant l'éloge de PASTEUR, commence son discours d'une voix solennelle :
"Dans un village du Jura une femme mit au monde un enfant ... "

Dans l'assistance à voix basse un spectateur attentif dit à ses voisins :
"Ah ! bé Couquin de ley ! s'avié esta un ome !"
Et ce fut des sourires et des chuchotements, alors M. ANGLES vint au secours de son collègue en faisant taire ces indiscrets.

Puis à tour de rôle, chacune des personnalités prononça son petit mot de circonstance pour que l'inauguration soit complète, avant de se retrouver autour d'une bonne table.

L'après-midi il (levait y avoir un concert en plein air, mais un orage éclata (peut-être est-ce à cause de "La Musique de la Flotte") et on dut se replier dans la salle de la fabrique pour entendre les morceaux exécutés par "La Musique de la Flotte".

Quant aux conseillers du Plan, non seulement ils ne se rendirent pas à l'invitation du Maire des Mées, mais ils firent eux-même à Dabisse une petite fête (sans député et sans phrase historique) pour célébrer le souvenir de PASTEUR à Paillerols.

D'après des propos recueillis auprès de
Lucienne SIEYES des Mées et
Denise GAUTHIER de Dabisse


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