LES MEMBRES DE LA LÉGION D'HONNEURPar Jacques Bouvet
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L'ordre de la Légion d'honneur fut créé en 1802 et le texte régissant l'institution fut adopté par le Corps législatif le 29 floréal an X (19 mai 1802) par 166 voix contre 110. Cet ordre est destiné à récompenser ceux (on n'évoquait pas encore une attribution possible aux femmes) qui se sont distingués tant par leurs services civils que par leurs talents militaires.
L'ordre ne sera pourvu d'une décoration et de différents grades que 2 ans plus tard, à partir du décret du 11 juillet 1804. La première distribution des insignes se déroulera aux Invalides le 15 juillet 1804. L'empereur Napoléon 1er décorera lui-même chacun des légionnaires, ceux-ci étant appelés à se présenter devant sa Majesté par ordre alphabétique. La deuxième cérémonie se déroulera au Camp de Boulogne le 16 août 1804 où seront décorés 2000 légionnaires (essentiellement des militaires ce jour là). A la fin de l'Empire il existera environ 35.000 à 38.000 décorés de la Légion d'honneur. Les différents échelons qui composent l'ordre consistent en 3 grades: chevalier, officier, commandant (actuellement commandeur) et 2 dignités : grand officier et grand aigle (aujourd'hui grand croix) enfin l'Empereur en est le Grand Maître (de nos jours c'est le Président de la République en exercice qui remplit cette fonction). L'ordre est dirigé par un Grand Chancelier; le premier fut un civil, éminent savant naturaliste, Bernard Germain Etienne de La Ville, comte de Lacépède. D'un point de vue administratif l'ordre est divisé en quinze cohortes ; Le département des Basses Alpes fait partie de la 8ème cohorte dont le chef est le maréchal Bernadotte, futur roi de Suède. Cette cohorte dont le chef lieu est l'ancien archevêché dAix en Provence englobe les départements actuels 04-05-06-13-20A-20B-26-83-84. Par décret du 1er mars 1808, tous les membres de l'ordre ont droit au titre de chevalier, qui constitue un titre nobiliaire, ce titre étant transmissible à la descendance directe de mâle en mâle par ordre de primogéniture. Ils ne seront en fait que 1600 chevaliers à figurer dans l'Armorial du Premier Empire établi par le vicomte Albert Révérend; en effet seuls les membres de la Légion d'honneur justifiant de 3.000 francs de revenu obtiendront des brevets de noblesse. Créée sous le Consulat et mise en place et structurée sous le 1er Empire, la Légion d'honneur ne fut pourtant jamais remise en question par les régimes ultérieurs. Seules les décorations subirent des changements au fil des régimes politiques successifs, ainsi se succédèrent dans le médaillon central: le profil de Napoléon 1er, celui de Henri IV, à nouveau l'Empereur, puis le profil de Cérès enfin celui de la République. L'ordre rassemble aujourd'hui environ 115.000 membres, le maximum fut atteint en 1965 avec 317.314 membres (sans doute dû au cumul des décorés des deux premiers conflits mondiaux et des guerres d'Indochine et d'Algérie). Sous le second Empire un traitement fut associé au titre et à la décoration (décrets des 22 et 25 janvier 1852), réservé aux décorés à titre militaire et étendu à ceux qui étaient en possession de la décoration depuis la création de l'ordre. Ce traitement annuel était de 250 Frs pour les chevaliers, 500 Frs pour les officiers, 1000 Frs pour les commandeurs (à titre d'exemple à cette époque, le salaire annuel d'un ouvrier agricole était de 105 Frs), il n'a été modifié qu'en 1982. Comme je l'ai dit plus haut cette distinction ne fut au début destinée qu'à des hommes, malgré une supplique adressée à l'Empereur par Mme de Genlis. Le premier cas certain de femme décorée de la Légion d'honneur concerne Mme Duchemin, ancienne combattante des armées de la République et décorée le 15 août 1851. Je n'ai rassemblé dans ce travail, pour de simples raisons de facilité de recherche que les membres de la Légion d'honneur nés à Les Mées. Les dossiers des membres de la Légion d'Honneur sont consultables aux Archives Nationales à Paris. Malheureusement tous les dossiers ne sont pas complets, notamment les plus anciens, puisque le Palais de la Légion d'Honneur où ils étaient conservés fut incendié lors de la Commune de Paris en 1870. Les dossiers ne sont consultables que 50 ans après le décès du décoré. Ce catalogue pourra donc être remis à jour régulièrement. A partir de ces dossiers.et en fonction du métier du récipiendaire on peut en apprendre encore un peu plus sur lui en faisant des recherches dans d'autres dépôts d'archives (Armée, Marine, Fonction publique). Pour les raisons énoncées plus haut les décorés de la Légion d'Honneur ayant vécu ou vivant actuellement aux Mées mais n'y étant pas nés ne figurent pas ; qu'eux-mêmes ou leurs familles ne m'en tiennent pas rigueur. De même si les familles de membres de la Légion d'Honneur décédés depuis 1954 et nés à Les Mées désirent y faire figurer leur ancêtre, les colonnes de ce recueil leur sont largement ouvertes. Qui étaient ces méens et méennes que la Nation a voulu distinguer au travers de cette décoration ? Tout d'abord si dans une grande majorité ils sont issus de familles anciennement établies aux Mées, quelques uns d'entre eux y sont nés soit parce que leurs parents venaient de s'y établir, soit même un peu par « accident » au cours d'un passage dans notre bon village. Mais après tout le plus important n'est-il pas que les Pénitents se soient penchés sur leur berceau comme de bons génies et qu'ils aient gardé dans leur mémoire de pierre l'écho de leur premier cri ? La quasi-totalité des décorés méens l'a été à titre militaire. Ils ont été distingués pour leur bravoure ou comme pour les médecins de la Marine pour leur dévouement envers leurs camarades. Ils ont du en laisser plus d'un bouche bée quand, revenant pour un peu de repos au village, ils racontaient les campagnes du Premier et du Second Empire, ou bien lorsqu'ils parlaient de contrées tellement lointaines qu'on ne savait même pas que ces pays existaient. Quelques autres furent décorés pour services rendus au pays au travers de son administration (un à la Justice, un aux Finances et un dans le Corps préfectoral). Enfin il y a parmi eux une femme qui fut décorée à titre civil en récompense de son civisme, de son courage et de la haute qualité de son travail (je prépare d'ailleurs sur elle une notice biographique beaucoup plus complète). Pour terminer signalons qu'un de nos « légionnaires », le premier d'ailleurs, sera maire du village à la fin du premier Empire.
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