Pour soigner les malades, l'hôpital faisait appel à plusieurs «spécialistes». A cette époque, «Louis SALVATOR docteur en médecine», reçoit 18 livres en honoraires sur l'année 1791, «pour les visites qu'il fait aux pauvres malades de l'hôpital». L'hôpital utilise aussi les services des « Sieurs SARMET et BUES tous deux maîtres en chirurgie » et leur verse 40 livres pour l'année 1791 « pour servir les pauvres malades de l'hôpital ». Mais, jusque vers la fin du XVIIIème siècle, il ne faut pas donner une importance trop grande aux chirurgiens qui officient souvent en tant que barbiers. Et enfin, il y a l'apothicaire, qui ordinairement fabrique lui même les médicaments prescrits par le médecin. Ces médicaments, principalement à base de plantes, d'extraits végétaux, de composés chimiques, sont réalisés d'après des recettes ou des formules qui pour la plupart ont été composées par des médecins célèbres et adaptées, modifiées par le médecin prescripteur selon son école, ou son expérience. Certains de ces formulaires ont un caractère semi-officiel et contiennent un ensemble de recettes reconnues pour leur efficacité, tel le «Codex médicamentarius» de la faculté de Paris. Mais il existait bien d'autres formulaires particuliers en usage dans d'autres écoles de médecine, comme celle de Montpellier, ou réalisés pour des hospices civils ou militaires . Cependant, beaucoup de médecins avaient leur propre formulaire rédigé d'après les formulaires connus et adapté à leur pratique courante. Ces formulaires personnels, ne mentionnaient en général qu'un nombre assez restreint de médicaments qu'ils avaient l'habitude d'employer. Pour l'année 1791 1792 nous avons ci-après le détail des fournitures de l'apothicaire M. THOMASSET. Cette liste de médicaments, montre avec précision les traitements administrés à la fin du XVIIIème siècle pour tenter de soulager les personnes souffrantes dans un village de Haute Provence. «Rolle des médicaments fournis par le Sr THOMASSET apothicaire aux malades de l'hôpital de cette ville des Mées.» (A.D 1 J 100 )
1 once = environ 30 grammes 1 gros = environ 3,8 grammes 1 grain = environ 0,5 grammes 1 chopine = environ 300 ml. ------------------------------------------------------------------- (2) Cascarille : écorce de CROTON CASCARILLA, arbrisseau poussant aux Grandes Antilles (famille des euphorbiacées). Fébrifuge, tonique, stimulant. C'est un succédané du quinquina. (3) Pulpe de casse : chair acidulée sucrée entourant la graine qui est contenue dans les gousses que produisent plusieurs espèces d'arbustes du genre CASSIA (famille de papilionacées) notamment le canéficier (Inde et Egypte). Purgatif léger. (4) Manne : suc exsudant de certains végétaux, particulièrement de divers frênes d'Italie, et qui durcit au contact de l'air. C'est un purgatif doux. Mais il existe d'autres mannes provenant de Mélèze, de cêdre (5) Esprit de vin camphré : alcool camphré. Stimulant les fonctions vitales des parties sur lesquelles il est appliqué. (6) Oegiptia : (pour Egyptiac) onguent composé de miel, vinaigre, acétate neutre de cuivre hydraté, ensuite condensé. Détersif. « pour déterger des plaies de mauvaise nature et détruire les chairs baveuses ». Pour nettoyer les plaies et les ulcères. (7) Prise anodine : préparation calmant la douleur, le plus souvent des narcotiques donnés à petites doses (morelle, ciguë, jusquiame, belladone, et surtout l'opium et toutes ses préparations). (8) Une médecine : en principe c'est un purgatif. (9) Poudre apéritive : « médicament qui devait ouvrir les voies en dissipant les obstacles qui s'opposaient au cours des fluides », en fait des purgatifs, des toniques (tels : racines d'ache, de fenouil, de petit houx, d'asperge, de chiendent, de chardon Roland, de fraisier, de persil, de pissenlit, de chicorée ) (10) Digestif : diverses substances favorisant la digestion ou alors « onguent digestif » qui lui est composé de : térébenthine, jaune d'uf, huile d'amande ou de mille pertuis. C'est un stimulant pour les plaies et les ulcères. (11) Eau d'orange : eau distillée des fleurs d'oranger. Antispasmodique. Calmant. (12) Eau de lis : eau distillée des fleurs de lis. Antispasmodique. Calmant. (13) Liqueur d'Offman : mélange en parties égales d'alcool et d'éther. Calmant, apaise les convulsions, contre les crampes d'estomac, l'asthme (14) Potion cordiale : médicament auquel on attribue la propriété d'augmenter l'action vitale du cur et de l'estomac. Excitant. Stimulant (eau de Mélisse, de Cologne, la cannelle, la vanille, le girofle, le polygala de Virginie etc. peuvent entrer dans sa composition). (15) Eau de vie : il doit s'agir d'eau de vie camphrée. Résolutif. (16) Opiate ou opiat : préparation de consistance molle composée de poudres très fines incorporées le plus souvent dans un sirop ou dans des pulpes de fruit, des extraits. Ce peut être un anti-diarrhéique, calmant, anti-tussif, fébrifuge (17) Quina pour quinquina : écorces de diverses variétés d'arbre quinquina (rubiacées) contenant de la quinine. Contre les fièvres, contre la typhoïde. Tonique. Reconstituant. Fébrifuge. (18) Sel ammoniac : chlorhydrate d'ammoniaque. Sudorifique. (19) Absinte absinthe : plante artemisia absinthius (composées). Fébrifuge. Tonique. Vermifuge. (20) Rhubarbe : poudre de la racine de certaines variétés de rhubarbe. Purgatif. (21) Sirop de Nerprun : sirop fait avec le fruit du nerprun purgatif. Purgatif. (22) Potion contre vers : vermifuge (le plus souvent à base d'extraits végétaux mousse de Corse, artémises, fougère mâle, ail, brou de noix, camphre, tanaisie ). (23) S : ?? (illisible). (24) Camomille (anthémis nobilis composées) contre les faiblesses d'estomac. Fébrifuge. (25) Crème de tartre : bi tartrate de potasse. Purgatif. Vomitif. (26) Blanc rasis : peut-être ( ?) nitrate de bismuth. Affection de l'estomac. Diarrhée. (27) Sparadrap : bande d'étoffe sur lesquelles on étend une couche d'emplâtre. Résolutif dissipant les inflammations et les engorgements. (28) Hipecacuana : (ipecacuanha). Plusieurs variétés de plantes originaires d'Amérique du Sud se retrouve sous ce nom (rubiacées, euphorbiacées). Vomitif. (29) Aposèmes (apozeme) : longue décoction de substance végétales Ici décoction de quina, centaurée et germandrée. (30) Alkali fixe : ( ??) (31) Centaurée (centaurium umbellatum. Composées) petite centaurée. Tonique. Fébrifuge. (32) Germandrée : (Tencrium chamaediys, labiées) petit chêne. Tonique. Stimulant. Stomachique. Diurétique. (33) Diascordium : composé de plusieurs substances, astringentes, amères, excitantes, narcotiques, mêlées à du miel ou du sirop. Contre diarrhées. Astringent. Sédatif. (34) Mitocorton : ( ??) peut être pour croton, plantes euphorbiacées. Vermifuge. (35) Eau de mélisse : tonique. Stimulant (distillation du mélange : feuilles de mélisse, écorce de citron,.noix muscade, coriandre, girofle, vin blanc, eau de vie) (36) Huile d'am d. : huile d'amande douce. Laxatif. (37) Erisinum : (erysimum) extrait de diverses plantes de la famille des crucifères en sirop. Sirop pectoral. (38) Oximel scill : (oxymel scillitique). Sirop de miel et de bulbes séchés de scille maritime (liliacées) macéré dans du vin ou du vinaigre. Contre les bronchites. (39) Iris de florence : rhizome desséché de l'iris florentina. On en introduit de petites particules dans la plaie d'un cautère pour y entretenir la suppuration, ainsi pensait-on s'évacuaient les humeurs mauvaises (40) Gomme ammoniac : suc de diverses plantes (principalement certaines ombellifères) antispasmodique. Contre l'asthme. (41) Looch : sirop épais. On en voit la composition le 4 novembre pour la gariane. (42) Eau rose : ( ?) infusion de pétales de roses. Astringente. (43) Précipité : ( ??) (44) Pierre infernale : nitrate d'argent. Purgatif. Contre dysepsie, gastralgie, épilepsie, coqueluche, hydropisie. (40) Sirop de nimphéa : a base du rhizome séché de nymphéa. Astringent. (46) Sirot de pavo (pavot). Calmant. (47) Sel de duobus. Sulfate de potasse. (48) Sirop d'argentier : sirop de nitrate d'argent. Purgatif (49) Mercure doux : chlorure de mercure. Vermifuge. Purgatif. (50) Antistérique : ( ??). Antihystérique ? Calmant. (51) Cérat de Galien : prépartion (250 g huile d'olive, 60 g cire blanche, 180 g eau). Calme les irritations, utilisé dans les pansements. Galien : un des pus célèbre médecin après Hippocrate Pergame 129-200 ap J-C (52) Eau de goulard : à base d'acétate de plomb contre les inflammations superficielles de la peau, les contusions, les brûlures. (53) Semen-contra : diverses sortes d'armoises (composées) provenant du moyen-orient. Vermifuge. (54) Cevadille : poudre de fruits et de graines de certains végétaux (asagroea officinalis, Veratrum sabadilla ). Vermifuge puissant. (55) Eau de pourpier ( ??). Le pourpier était parfois utilisé contre les aphtes ? (56) Eau de canelle : extrait de l'écorce du cannelier. Tonique. Stimulant. (57) Emplâtre vésicatoire : onguent préparé avec la résine, de l'huile d'olive, de la poix noire, de la cire jaune, de la poudre de cantharides (insectes séchés). Posé sur la peau il produit une inflammation occasionnant des cloques, des ampoules, on pensait ainsi évacuer les mauvaises humeurs du corps. (58) Looch incrassant : un sirop contre la diarrhée ( ?). (59) Poudre d'Helvétius: mélange d'ipéca et de crème de tartre. Vomitif. |