Un peu plus de cent années d'accueil
1862 – 1972

Nous avons consulté les deux registres, des entrées de l'hôpital. Le premier registre couvre les années 1862 à 1936 et le second 1937 à 1972. Sur ces registres ne sont portées que peu d'indications sur les personnes. Cependant ils permettent d'apprécier le nombre des entrants, celui des journées d'hospitalisation. Avec ces éléments et quelques notes ajoutées parfois, nous pouvons approcher quelques moments marquants de notre histoire nationale ou locale, sentir l'état de misère de certains ainsi que l'impuissance des hommes, face à la maladie et la détresse. En 1870, année de guerre, quatorze soldats y séjournent. En 1871, parmi les 19 soldats qui sont soignés, deux d'entre eux meurent en mars 1871. Cette même année 1870, est en construction la voie ferrée entre Manosque et Sisteron (le premier train arrivera en gare de Sisteron le 25 novembre 1872), l'hôpital accueille onze « ouvriers du chemin de fer » fiévreux ou « atteints de contusions ». De 1876 à 1882 son activité semble assez réduite hormis les trois infirmes à l'année de la fondation CHAIS, il sert surtout d'asile pour les « passants » fatigués, épuisés ou atteints de quelques blessures. En 1877 les entrées se limitent à sept personnes : 5 passants y demeurent un jour chacun, un indigent, 3 jours, et une autre personne (qui paie son séjour) reste 4 jours. De 1890 à 1914 son activité s'accroît et nous retrouvons trois à sept personnes y séjournant l'année entière. Pendant les années de « la Grande Guerre » le nombre des entrées augmente avec notamment la présence de « réfugiés du nord», 3 en 1915, 4 en 1916. En 1919 nous y retrouvons 5 prisonniers russes. En janvier 1916, entre en fonctionnement l'usine de Saint Auban qui élabore des gaz de combat employés sur le front. L'urgence de cette production, conduit à des mesures de sécurité très limitées. En 1916, 19 malades venus de « l'usine de Saint-Auban » sont reçus, 15 étrangers : Italiens, Suisses, Algériens, Sénégalais, et 4 Français . Trois ouvriers décèdent à l'hôpital. En 1917 quatre malades de l'usine sont encore admis, trois en 1918. Par la suite l'usine créera son propre hôpital. En septembre – octobre 1918 nous remarquons 7 cas de grippe, correspondant à une importante épidémie qui sévit en France cette année là, faisant de nombreuses victimes. Après 1933 son activité s'accroît, puisque lui est adjoint la maison de retraite. Les séjours de longue durée sont donc plus nombreux, environ une dizaine vers 1935 et une vingtaine vers 1950. En 1939, 16 réfugiés d'Espagne séjournent de 5 à 78 jours. En 1941 « une colonie de petits parisiens » (6 enfants de 7 à 10 ans) a dû mettre de l'animation dans ses murs durant une dizaine de jours. Lors de la seconde guerre mondiale, sont accueillis des réfugiés, des militaires et surtout des hommes des groupes de travailleurs étrangers (7 en 1941, 18 en 1942, 38 en 1943, 13 en 1944) des prisonniers, des F.T.P. (Francs Tireurs Partisans – 3 en 1944), des F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur – 14 en 1944 de la 16ème compagnie). Après la guerre son activité se développe. La maison de retraite accueille davantage de pensionnaire. De plus en plus de femmes, y entrent pour accoucher. Cette activité du service de maternité connaîtra un développement, aussi rapide que son déclin. En 1952 , 22 femmes accouchent. Elles sont 29 en 1960, 52 en 1965, 59 en 1970, 18 en 1972, et ce service vers 1975 cessera son activité. Pour une meilleure sécurité les femmes iront accoucher dans les centres hospitaliers plus importants (Digne, Manosque, Sisteron). En parcourant ces registres, il apparaît, que la majorité des entrants, surtout avant 1900, sont des « passants », ou des indigents. Peu nombreux sont ceux qui payent leur séjour. Quelques cas sont douloureux. Julie PONS orpheline de 9 ans en 1895 est gardée deux années à l'hospice. En 1904, meurt le 11 octobre « un pauvre vieillard inconnu de 84 ans » il était rentré le 4 octobre atteint de « gangrène sénile ». En 1910, trois sœurs orphelines (Augusta 9 ans, Denise 7 ans, Fernande 4 ans, MISSEL) séjournent 27 jours. En 1912, Julie ABBARIS âgée de 26 ans, atteinte de phtysie, est admise le 27 septembre accompagnée de ses deux enfants (Julien 5 ans et Louis 18 mois), ils restent 5 jours. Le 2 décembre suivant ils reviennent tous les trois à l'hôpital, Julie ABBARIS décèdera le 27 décembre laissant ses deux enfants qui y resteront jusqu'au 4 janvier 1913. Année Nb. de personnes accueillies Nombre de journées 1862 82 1572 1863 87 1959 1864 90 2294 1865 26 1706 1866 33 1424 1867 34 1630 1868 25 979 1869 28 2089 1870 53 1901 1871 82 1634 1872 49 1437 1873 33 1231 1874 30 1360 1875 25 1374 1876 17 1154 1877 10 1107 1878 15 1077 1879 15 1118 1880 13 1549 1881 12 928 1882 14 928 1883 20 1258 1884 13 990 1885 11 1140 1886 11 1108 1887 20 1344 1888 15 1538 1889 18 1610 1890 16 1261 1891 19 1409 1892 17 1411 1893 8 1617 1894 11 1743 1895 14 1049 1896 22 2100 1897 14 2788 1898 19 2767 1899 16 2847 1900 22 2392 1901 13 2392 1902 18 1730 1903 17 1740 1904 19 2474 1905 13 2054 1906 31 2461 1907 30 2813 1908 23 2740 1909 28 2620 1910 28 2727 1911 32 2108 1912 43 2790 1913 40 2938 1914 36 3157 1915 36 3385 1916 56 4326 1917 48 4363 1918 51 4041 1919 59 4093 1920 43 4516 1921 45 4610 1922 47 4500 1923 40 4739 1924 50 5457 1925 50 4881 1926 47 5408 1927 37 3253 1928 42 4176 1929 46 4177 1930 54 4921 1931 54 4898 1932 34 4760 1933 48 5514 1934 40 5950 1935 55 6280 1937 46 5814 1938 52 6591 1939 64 7358 1940 49 6504 1941 72 6216 1942 55 5388 1943 116 7328 1944 104 5064 1945 51 5421 1946 55 5493 1947 74 7919 1948 65 8403 1949 51 8229 1950 58 9493 1951 72 9293 1952 77 9358 1953 83 9320 1954 89 7730 1955 88 7874 1956 82 8217 1957 71 7179 1958 98 7998 1959 88 8410 1960 78 7853 1961 73 8788 1962 105 8642 1963 101 9489 1964 105 9824 1965 101 9601 1966 108 10785 1967 118 10926 1968 102 10582 1969 86 10500 1970 101 10781 1971 91 10728 1972 88