Lucienne SIÈYES est décédée à l'hôpital de Digne le 25 avril 2002 au petit matin. Elle y avait été emmenée quelques jours auparavant, après une mauvaise chute dans son appartement.
Lucienne SIÈYES était née aux Mées le 6 février 1908, elle avait donc un peu plus de 94 ans de vie méenne. Elle était très attachée à son village, à ses rochers qu'elle n'avait jamais quitté.
Ses parents avaient une boucherie dans la Grande Rue (rue Virgile Pons). Sa tante Joséphine SIÈYES, célibataire, tenait une épicerie quelques maisons plus loin, à la rue Notre-Dame. Elle lui laissera ce commerce, Lucienne SIÈYES prendra sa suite et gardera ce magasin d'épicerie de la rue Notre-Dame durant toute sa vie professionnelle.
La retraite venue, elle prendra des responsabilités au sein du « Foyer-Club » (Association communale du 3ème âge). Lors de la création de notre association « Les Amis des Mées » (en 1980), elle était présente dès la première réunion et faisait partie des membres fondateurs. Tout ce qui touchait l'histoire de son village l'intéressait, et grâce à sa vaste et fidèle mémoire elle pouvait raconter près d'un siècle de vie du village et plein de détails pittoresques sur le temps passé où les femmes avaient des coiffes de dentelles, où les sabots des chevaux battaient la chaussée en traversant le village ou en allant boire à la fontaine. Elle était également capable de faire la généalogie sur quatre ou cinq générations de nombreuses familles méennes. Avec tout çà, elle avait son franc parler, son caractère, UN caractère, UN tempérament, qui lui causeront certaines inimitiés. Mais il fallait faire avec, c'était ainsi avec Lucienne SIÈYES.
Elle aimait la littérature, la poésie. Elle s'amusait à rédiger quelques poèmes et écrivait aussi de nombreux acrostiches qu'elle préparait pour ses amis à diverses occasions.
Tant que sa santé le lui permettait, elle n'hésitait pas à monter à Saint Roch pour partager le repas de midi lorsque nous travaillions à la restauration de la Chapelle. Une des dernières fois qu'elle avait voulu aller à Saint-Roch, mais ne se sentant pas la force de gravir les escaliers, nous lui avions proposé de la monter assise sur une chaise. Quatre personnes l'avaient ainsi emmenée. Elle en était toute ravie sur cette chaise à porteur improvisée, mais surtout contente de se retrouver encore une fois dans cette chapelle de Saint-Roch chère à son cur, et qu'elle voyait revivre après des années d'abandon.
Dans notre association, elle était très assidue et présente à toutes les réunions et animations. Quand ses jambes fatiguées la contraignait à rester chez elle, elle était toujours informée des décisions prises et des actions menées et elle apportait son avis.
Elle désirait rester jusqu'au bout de ses forces dans sa maison de la rue Notre-Dame, pourtant bien peu commode avec ses mauvais escaliers, mais c'était là son petit monde, il y avait son chat et ses souvenirs. Ce souhait s'est réalisé.
Ainsi, comme elle l'écrivait dans un de ses poèmes :
« Et sur la terre des aïeux
Le vieux méen ferme les yeux
Car à l'abri de ses rochers,
Pour toujours il peut reposer. »
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