Les Amis des Mées
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Sorcellerie ou Arnaque

Il y avait, non loin d'ici, à Chénerilles, la femme DAUMAS, qui était un peu fatiguée. Au mois de mars 1856, elle était alors allée consulter le nommé ROUX "Piquette" qui passait pour avoir certains pouvoirs et moyens de lui apporter du soulagement pour peu qu'on lui en donne les moyens....

Ce Roux "Piquette" pour commencer le traitement lui avait demandé "neuf pièces de cinq francs" qu'il devait, disait-il, faire bouillir à minuit, sur la montagne de Puimichel, pour la débarrasser du sort qu'on lui avait jeté. Il lui avait ensuite recommandé de s'envelopper d'une peau de mouton fraîchement écorchée, et afin que le remède agisse plus sûrement, il l'avait persuadé qu'elle devait lui accorder ses faveurs. A ce prix seul ces pratiques mystérieuses devaient avoir un résultat complet.

Traduit en raison de ces faits devant le tribunal correctionnel de Digne, Roux "Piquette" fut condamné à l'emprisonnement et à 16 francs d'amende. Mais la femme DAUMAS, n'était pas guérie ni de sa maladie ni de sa superstition. Ayant appris que le nommé GOUIN, ouvrier cordonnier des Mées, passait pour avoir un pouvoir surnaturel pour guérir toutes les maladies par des procédés particuliers, elle n'hésita pas à s'adresser à lui. GOUIN commença par se faire remettre 12 francs pour aller chercher des remèdes, qui, prétendait-il devaient la ,soulager. Ces remèdes consistaient en sirop de rhubarbe et un paquet de pastilles de gomme, qui ne produisirent aucun effet sur la malade, ainsi qu'elle l'a déclaré elle même dans l'instruction.

A deux autres reprises, le prévenu a reçu de l'argent de la femme DAUMAS tant pour achat de remèdes que comme récompense de ses soins.

A l'audience, GOUIN reconnaît qu'en effet cette femme lui a remis en diverses fois plusieurs sommes d'argent, mais il prétend ne les avoir point exigées et s'être borné à aller à Digne, chercher des médicaments sans jamais avoir donné de consultation.

Le prévenu a d'ailleurs des antécédents déplorables. La rumeur publique le désigne comme se livrant habituellement à l'exercice de la médecine et disant la bonne aventure dans les campagnes qu'il parcourt.

En 1854 il a été condamné par le tribunal de simple police des Mées à 11 francs d'amende et cinq jours de prison, pour avoir tiré les cartes au nommé Jean DAUMAS, fils de la femme qui a été sa dernière victime. Il lui avait prédit qu'il mourrait sous peu de jours, et l'imagination de ce jeune homme fut tellement frappée de cette prédiction qu'il se suicida quelques temps après.

M. RAGON, substitut du Procureur Impérial demande une répression sévère du délit reproché au prévenu, il insiste sur la nécessité de prémunir les habitants des campagnes contre les occultes et souvent dangereuses pratiques de ces charlatans et empiriques qui, exploitant la naïve confiance des gens trop crédules, compromettent toujours leur fortune et souvent leur santé. Conformément à ses conclusions, le tribunal condamne GOUIN à un mois de prison, 16 francs d'amende et aux frais... !!

D'après le Journal des Basses-Alpes 9 octobre 1856.

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