Les corneilles, corbeaux, avaient une très mauvaise image de marque, un peu diabolique même et à ce titre on accrochait volontiers leur dépouille à un piquet au milieu d'un champ. Il faut dire aussi que les corneilles, corbeaux, accumulent les charges contre eux. Ils sont gourmands des graines et des fruits que le paysan s'apprête à récolter. Ils se repaissent de charognes et même, dans des temps anciens, de cadavres humains restés sur les champs de bataille ou de ceux des condamnés pendus haut et court au gibet car il arrivait qu'on laisse les cadavres accrochés là plusieurs jours pour l'exemple.
Aux Mées, il y a un quartier appelé les Fourches, vers le Vallon de Saint-Joseph, ESMIEU dit que ce nom provient du fait qu'il y avait -là les fourches patibulaires, c'est à dire des gibets où l'on pendait les malheureux que les tribunaux avaient condamnés à mort et leurs restes après avoir offert aux passants, souvent pendant plusieurs mois, un spectacle aussi dégoûtant que nuisible à leur santé, servaient de pâture aux vautours et autres oiseaux de proie. Les corbeaux becquetaient les pendus et commençaient souvent par les yeux, de là la réputation des corbeaux de crever les yeux des hommes. Les corbeaux passent aussi pour être des oiseaux de mauvaise augure, porteur de mort, alliés de Satan. Faïre lou viagi doù groupatas (Faire le voyage du corbeau), c'est faire le dernier voyage, celui dont on ne revient jamais. Mr les Maires et Consuls ont dit qu'ils avaient été informés par plusieurs personnes que les corneilles, espèce d'oiseaux qui passent annuellement dans les mois de mars et avril, faisaient un dommage considérable à la campagne et qu'il était urgent d'y mettre ordre en faisant chasser et tuer les dites corneilles à coup de fusil, comme cela est arrivé plusieurs autres années, ils l'auraient représenté verbalement au conseil du 20 mars dernier qui les aurait chargé de faire publier au son de la trompette et de promettre une récompense de 8 sols pour chaque corneille que l'on tuerait. Ce que Mr les Consuls ont fait et suivant le rôle qu'ils ont tenu, il en a été tué la quantité de nonante deux par plusieurs particuliers de la ville et des bastides du Plan où elles étaient plus abondantes. (délibération du Conseil Municipal du 29 mai 1785). Il semble qu'à la fin du XVIII ème siècle, il y avait par période un assez grand nombre de corneilles. Une autre délibération du Conseil Municipal du 13 septembre 1789 fait état d'une identique destruction de corneilles appelées vulgairement CHAILLES qui occasionnaient des dégats considérables principalement aux vignes et aux chènevières, quatre hommes avaient été payés par la municipalité pour tuer au fusil ces chailles. |