Les Amis des Mées
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CHRONIQUE D'UN TEMPS PASSÉ

La Propreté des rues

Le souci des élus locaux d'améliorer le cadre de vie des habitants ne date pas d'aujourd'hui .... Le bon air des villages d'antan, ne devait pas toujours fleurer bon la campagne, et, s'il n'y avait pas d'usine à proximité pour envoyer dans l'atmosphère des pollutions chimiques, les rues exhalaient des odeurs pas toujours bien agréables, Dans la rue, devant leur porte les habitants étalaient des genets, des buis, du thym et autres branchages, des paillis, des feuilles, ramassées dans les bois, sur lesquelles ils déversaient les détritus du ménage et les déjections humaines.

On jetait les eaux usées par la fenêtre bien souvent, et sans toujours regarder si la rue était déserte, ou sans crier gare, alors, le passant silencieux risquait fort de recevoir des éclaboussures nauséabondes, C'était alors le principe du 'tout à la rue" ceci dans le but d'obtenir de l'engrais. Heureusement, cette pratique ne pouvait se faire parce que l'été avec la chaleur, je ne vous dis pas ... encore que...

Considérant que nombre de particuliers, après avoir enlevé leur fumier continuent journellement de mettre dans les rues, soit de la paille, soit des feuilles d'arbres ou autres matières, sous prétexte de recevoir les ordures qu'ils jettent de leurs maisons; que cela ne peut qu'entretenir dans la ville des odeurs puantes nuisibles à la santé des habitants.

Considérant que la santé est le bien le plus précieux et qu'aucune considération ne peut prévaloir sur les moyens de la conserver, Arrêtons:

  • Au premier avril de chaque année, tous les habitants de cette commune seront tenus d'enlever les fumiers qu'ils ne pourront y en mettre de nouveau qu'au premier octobre suivant.
  • Depuis le premier avril jusqu'au premier octobre, les propriétaires des maisons et en leur absence, les locataires seront tenus de tenir propre et de balayer la partie de la rue qui se trouve devant la rigole et la façade de leur maison, pourront cependant les particuliers qui auront des ordures à jeter dans la rue mettre un peu de paille ou feuille au devant de leur maison pour les recevoir à condition que cette paille ou feuille ne sera mise qu'après le coucher du soleil et qu'elle sera enlevée le lendemain avant son lever.
  • Les gardes champêtres et forestiers comme agents de la police tiendront la main à l'exécution du présent arrêté et dénonceront à la police les contrevenants.
    (Délibération du Conseil Municipal des Mées, 10 mai 1806.)
Mesures très difficiles à faire appliquer à la lettre. Ces engrais des rues étaient délavés par les eaux de pluie et c'étaient les prés en dessous du village (les prés d'Astruc, le Paraire...) qui bénéficiaient principalement de cet amendement azoté:

"Leurs propriétaires n'y font porter aucun engrais, et cependant ces prairies sont d'un produit bien supérieur à celles où l'on en emploie, parce que les eaux qu'elles reçoivent sont pour ainsi dire, la quintessence des fumiers et autres engrais qui se trouvent dans les rues, qu'elles lavent et dont il ne reste plus que le marc au propriétaire"
(J.J. ESMIEU, Notice de la Ville des Mées, 1803.)

Quelques années plus tard, écoutez bien la proposition que fait ce brave cultivateur à la municipalité:

"Le nommé Louis ROLLAND, cultivateur de cette commune lequel s'est engagé de balayer les rues, enlever les fumiers et les pierres qui les encombrent, pourvu que les balayures lui appartiennent"
(Délibération du Conseil Municipal des Mées 27 Mai 1840.)
Le Conseil Municipal approuve...

Si en 1988 un homme tel que ce Louis ROLLAND faisait une proposition semblable à la mairie, pour sûr qu'elle lui accorderait toutes les balayures qu'il désirerait... Avis aux amateurs.

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