Les Amis des Mées
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Un voisin : PAUL ARÈNE

Personne aux Mées n'ignore que Paul ARENE était un poète. Son art dans l'écriture, ses amours déçus et ses riches amitiés, justifient bien un article dans notre revue.

Sa vie

Né à Sisteron en 1643, bachelier dans sa ville, pion à Marseille, il prépare une licence de philosophie à Aix. Il est ami avec Mistral, Roumanille, Daudet, Aubanel... Répétiteur à Vanves, il "monte'' à Paris où l'Odéon l'accueille en 1866 avec PIERROT HERITIER.

Théophile Gautier remarque son style.

Notre "gavot" quitte l'enseignement et écrit avec Alphonse Daudet qui travaille ses lettres.

En 1870, il est à Sisteron d'où il écrit à Mistral sa déception d'avoir été refusé par le Félibre Roumieux pour la main de sa fille Anaïs. Républicain et libéral, il collabore au journal de Gambetta où il tient de nombreuses chroniques. Désargenté et bohème, son centre d'intérêt estle café.

Il devient l'intime de la famille Charcot et a une autre déception amoureuse avec Jeanne, fille du professeur (célèbre pour ses travaux sur l'hypnose).

Il décède en 1896 à Antibes à sa table de travail.

Un an plus tard, à quelques kilomètres de Sisteron où il est enterré, nait un grand écrivain contenporain : Jean Giono.

Oeuvre éditée

  • Jean des Figues parait en 1870, sa ville natale y est décrite sous le nom de Canteperdrix.
    La chèvre d'Or,
  • Domine,
  • Des Alpes aux Pyrénées en collaboration avec Tournier,
  • Plus de 1200 contes.

Œuvre supposée

Trois contes d'Alphonse Daudet auraient été écrits par le bas-alpin :
  • L'élixir du Révérend Père Gaucher,
  • Le Sous-Préfet aux champs,
  • Les trois messes basses
Daudet lui aurait "chipé" La Mule du Pape (cf, Le roman d'amour de Paul Arène par M, Provence) mais aurait fini Jean des Figues.

Extraits littéraires

Poème LA CIGALE, écrit en 1868, Anaïs en eut la primeur.

L'air est si chaud que la Cigale,
La pauvre cigale frugale
Qui se régale de chansons,
Ne fait plus entendre les Sons,
De Sa chansonnette inégale
Et, rêvant qu'elle agite encore
Ses petits tambourins de fée
Sur l'écorce des pins chauffée,
Où pleure une résine d'or,
Ivre de soleil, elle dort.

LE CAFÉ

"Il est plus facile de changer d'opinion que de changer de café."

"C'est de là, c'est de cette place
C'est de cet endroit bien chauffé,
C'est par les vitres d'un café
Qu'il faut voir son siècle qui passe.
"

SISTERON

"Imaginez une vingtaine de rues en escaliers, taillées à pic, étroites, jonchées d'une épaisse litière de buis et de lavande sans laquelle le pied aurait glissé, et dégringolant les une par-dessus les autres, comme dans un village arabe.

De noires maisons en pierre froide les bordaient, si hautes qu'elles s'atteignaient presque par le sommet, laissant voir seulement une étroite bande de ciel, et si vieille que sans les grands arceaux en ogive aussi vieux qu'elles qui enjambaient le pavé tous les dix ans, leurs façades n'auraient pas tenu en place et leurs toits seraient allés s'entre-baiser.

Dans le langage du pays, ces rues s'appellent des andrones. Quelquefois même, le terrain étant si rare entre les remparts, une troisième maison était venue, Dieu sait quand, se poser par dessus les arcs entre les deux premières; la rue alors passait dessous. C'étaient là les couverts, abris précieux pour polissonner les jours de pluie.

Le père Antic s'en alla, joyeux et le dos cassé, à travers les passages sombres, les couverts et les ruelles en escalier qui constituent le "quartier bas", le quartier agricole de la ville.

C'est l'heure tranquille où, tout travail fini, et quelques instants de jour clair restent encore, une fois l'âne et la chèvre rentrés, le bissac vidé, la pioche pendue, les Paysans assis au grand air devant la porte, sur les marches du petit perron, attendent la soupe que leur femme prépare et se taillent le pain avec lenteur."

LES AIRES Août en Provence (sonnet)

A l'ombre du gerbier géant, l'aire est prête;
Le fermier, dans le fond où s'entassent ls blés
Fait tourner, retenant leurs licous assemblés,
Six chevaux camarguais noir comme la tempête.
Sous l'ardent soleil d'août, ils vont, regardez-les,
Et le sol dur résonne, et rien ne les arrête,
Lui, suant, mais joyeux plus qu 'au jour de sa fête,
Rêve de sacs d'écus et de greniers comblés.

Cependant le soir vient, et la brise s'élève,
La paille en tourbillons vermeils, comme son rêve,
Monte, se colorant aux rayons du couchant.

Et tandis que décroit le galop circulaire,
Le rustique songeur, droit au milieu de l'aire,
Dans Un nuage d'or voit sa ferme et son champs.

LE PORTAIL ST, JAUME

Le portail Saint Jaume séparait symboliquement la Provence du Dauphiné. Il fut aménagé puis détruit par les bombardement pendant la guerre 1939-45 par ... les américains qui cherchaient à couper les voies de retrait aux Allemands. C'est celui que franchit Jean des Figues sur Blanquet, il partit pour Paris avec "un complet tout en velours du cousin, le grand feutre mou des temps héroïques... des souliers jaunes, un gilet pourpre sur la poitrine et dans le dos un gilet pourpoint superbe fait du plus magnifique velours bleu, une gourde, un grand sac bourré de figues sèches, une médaille bénite."

Et voilà Jean des Figues parti pour la gloire.

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