Les Amis des Mées
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Le collège des Mées


C'est ainsi que l'on appelait communément le grand ensemble de bâtiments qui se trouvait entre le boulevard des Tilleuls, la Place et le de la République. Nous allons essayer de retracer son histoire.

C'est  Joseph-Antoine JORDANY , né à Puimoisson en 1798, alors curé des Mées, qui avait conçu et préparé vers 1826 la fondation d'une maison mère et d'un noviciat des Frères de l'Instruction Chrétienne de Saint-Gabriel. Mgr de Miollis (évêque de Digne de 1805 à 1838) qui avait accueilli avec empressement ce projet l'annonçait à son clergé en ces termes:

"Nous avons appelé à la direction de ce noviciat trois membres de la Congrégation du Saint-Esprit, issue de celle qui a pour Fondateur le vénérable abbé de LA SALLE. Nous avons fixé cet établissement aux Mées, sur la demande du Conseil Municipal de cette ville, et en considération des secours que le Conseil a votés, soit des sacrifices généreux que les habitants s'imposent pour cette œuvre."

Le Conseil Municipal avait voté une subvention de 3000 francs pour aider la construction à la condition de réserver gratuitement un local pour l'école communale où l'enseignement serait donné par les Frères. Cette clause a été respectée jusqu'en 1881, époque de la laïcité de l'école.

Le noviciat des Frères de Saint Gabriel avait pour mission de fournir un ou plusieurs frères instituteurs à chaque paroisse, suivant son importance et ses besoins . Des bâtiments vastes avaient été construits. Les sujets commençaient d' affluer. Mais voilà qu'éclate la Révolution de juillet 1830 (les trois glorieuses : 27, 28 et 29 juillet) mettant fin au règne de Charles X et instaurant avec Louis Philippe la Monarchie de Juillet. Le nouveau gouvernement ordonna brusquement la fermeture du noviciat. Toutes les réclamations et les doléances ne purent faire retirer cette mesure. Il fallut céder à la force, le noviciat fut fermé, mais les Frères continuèrent à diriger l'école des Mées, au titre d'instituteurs communaux.

Pendant de longues années il va garder ses volets clos. Il reprendra une certaine activité en 1851, une activité bien spéciale pour un tel établissement! En effet, ce grand bâtiment vide sera transformé en caserne et même en prison. Cela se passait en ce début de décembre 1851 (date mémorable, nous y reviendrons plus en détail prochainement, c'est un sujet qui nous tient à cœur) lorsque les bas-alpins s'étaient levés, avaient pris les armes pour défendre la République après le Coup d'Etat de Louis Napoléon. Il servit donc de maison de détention, de décembre 1851 à juillet 1852, à 238 "insurgés" qui attendaient en ces murs d'être déportés dans les colonies. Il y avait également, pour les garder, 150 soldats.

Peu de temps après cet épisode mouvementé, une loi (en 1852) supprimait une partie des entraves qui s'opposaient au développement de l'institution des Frères de Saint-Gabriel annonçait la réouverture du noviciat.

L'œuvre a prospéré une vingtaine d'années jusqu'à ce qu'elle soit transférée dans l'ancien couvent des Pères Minimes de Mane, laissant ainsi toute la place au pensionnat.

En 1856 outre le noviciat et l'école communale, les Frères de Saint Gabriel, affiliés à la congrégation de Saint Laurent sur Sèvre, ouvrirent un pensionnat sous le vocable de Saint Joseph.

Le 30 novembre 1866 l'immeuble fut donné (selon le souhait de Mgr, JORDANY) à la congrégation de Saint Gabriel qui n'en eut de cesse d'augmenter les effectifs de ses pensionnaires. Ce qui ne manqua pas de se produire. Les élèves étaient nombreux (jusqu'à 140) dont une grande partie venait de la région marseillaise. Le pensionnat, malgré le départ du noviciat, devint trop exigu, il fallu agrandir, on ajouta alors toute l'aile arrière. Elle était constituée au rez-de-chaussée par les cuisines et le réfectoire qui servait également à l'occasion de salle récréative et de salle de réception lors de la remise des prix. Au dessus, était la chapelle avec ses hautes ouvertures en ogives et son abside à pans coupés. La bénédiction de cette chapelle eut lieu le 24 juin 1891 par l'évêque de Digne. Le collège des Mées garda longtemps la réputation d'un établissement dans lequel on dispensait un enseignement solide.

Puis les élèves devinrent moins nombreux, les enseignants aussi, et le collège a fermé définitivement ses portes en 1932.

Il a été occupé périodiquement par quelques communautés de religieux. La dernière qu'il a accueillie était l'œuvre naissante des Pères de Chabeuil. Enfin, Mgr. COLLIN dans les années soixante l'a vendu à la municipalité. Celle-ci après des travaux importants, on peut même dire une réfection totale (terminée en 1979) l'a transformé en un centre culturel des plus agréables. Nous y trouvons : une vaste salle des fêtes, le cinéma, une salle de danse et de musique (la chapelle), une salle polyvalente (le réfectoire, les cuisines) dans laquelle nous avons réalisé toutes nos expositions. La cour et les jardins sont devenus le jeu de boules.

Sources :
Abbé SÉBASTIEN (1906-1907)
J.J.M. FERAUD, Souvenir Religieux des Églises de la Haute Provence, Digne 1879.

 Joseph-Antoine JORDANY  sera nommé évêque de Fréjus, Toulon le 6 novembre 1855 et mourra à Riez le 25 septembre 1887.


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