Les Amis des Mées
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COMMENT SE PRATIQUAIT L'ÉLEVAGE DES VERS A SOIE,
ICI CHEZ NOUS ?

C'est ce que nous avons demandé à quelques personnes du pays. Trois d'entre elles ont accepte de partager avec nous leur riche mémoire.
Ces trois personnes ont passé leur vie entière à DABISSE, et ont élevé des vers à soie.
Nous livrons leur récit, leurs paroles sont irremplaçables, c'est un témoignage simple, direct, précis et imagé. Il nous semble primordial de le conserver tel quel, avec sa saveur naturelle, pour ne pas l'altérer.
Il nous paraît important aussi, de ne pas laisser perdre de tels souvenirs, c'est bien vrai que chaque fois "qu'une personne âgée meurt sans qu'on l'ait écoutée, c'est une bibliothèque qui disparaît" comme le dit volontier Pierre MARTEL.
Il y avait donc ce jour là, 1er Juin 1983, dans la cuisine de Denise GAUTHIER (un peu plus de 70 ans) qui nous recevait, Madame Rose MEYNIER (95 ans, peut-être la doyenne de la commune) et Monsieur Ernest ARBAUD (un peu plus de 70 ans).
Nous les remercions très vivement pour leurs récits, pour leur collaboration et pour leur gentillesse.

ÉCOUTONS LES ...

Denise  GAUTHIER La graine, c'était le marchand, celui qui achetait les cocons qui nous l'apportait.
Ernest ARBAUD Il représentait des maisons, les derniers temps, JAUFFRET à ORAISON, il donnait la graine, c'était pour une maison du Var, là-bas... de COGOLIN.
Denise GAUTHIER Oui, il te donnait la graine, elle ne se vendait pas la graine, on te la donnait, tu disais, j'en veux 50, l'autre 40... et au moment dit, même on venait te l'apporter.
Ernest ARBAUD Quelques temps avant la saison, le courtier passait, il venait voir les clients comme un commis voyageur, il te demandait . "Tu en fais cette année ?" - "Ouais, tu m'en marqueras 30 g, 20 g,... lui il commandait la graine, et puis quand la boîte arrivait de la maison, il y avait ton nom, le poids marqué dessus, ça venait directement de la maison, la boîte scellée, enrubannée. Les types comme JAUFFRET qui fournissaient la graine, de temps en temps il passaient un peu, ils venaient un peu voir il voyait s'il n'y avait pas des maladies... Il fut un temps, il y avait un graineur aux Mées, JUGY; Je me rappelle très bien de JUGY, c'était pour ainsi dire des courtiers quoi çà. C'étaient des types qui plaçaient la graine quoi ! Et ils faisaient la réception des cocons.
Denise GAUTHIER On lui portait les cocons, de suite il donnait les sous, c'était la première récolte, tout le monde était content.
Rose MEYNIER Ici à DABISSE, c'était Monsieur GORDE, il vendait la graine, il allait en Italie, il allait partout vendre la graine, oui Monsieur GORDE Appolinaire.
Ernest GAUTHIER GORDE, était associé avec RAIBAUD-L'ANGE, j'ai vu encore des boîtes de carton où on mettait la graine, je me souviens que J'ai vu encore GORDE-RAIBAUD-L'ANGE marqué dessus.
Rose MEYNIER Quand même, il y avait de la graine meilleure que d'autre, si vous capitiez de bonnes graines ça allait. Nous à la campagne SALVATOR, où nous sommes restes comme fermiers, on en avait fait dans la magnanerie, on en faisait deux ou trois onces.
Ernest ARBAUD Moi, j'en faisais un peu, mais, c'est surtout mon frère, il avait rempli le Vieux Château qui n'était pas encore en ruine complètement. Il en avait fait peut-être 80 ou 100 g de graines, quelque chose comme ça. Il avait 7 ou 8 types par là qui lui ramassaient de la feuille, à l'époque, il y avait tous les muriers de PAILLEROLS.
Rose MEYNIER Il y avait ROCHEBRUN, ROCHEBRUN des GARGAS qui en avait fait au Vieux Château. Dire que c'était tant grand le Vieux ChÂteau, puis y a plus rien...
Denise GAUTHIER Je me rappelle que le ROMAN, Jean ROMAN, là, c'était un Marseillais. Il vient à ORAISON, c'était la saison des vers à soie. Il dit : "Oh ! J'en ai jamais vu", puis il dit à sa belle-mère -"Bè ! vous savez pas, le mieux pour que je vois un peu ce que c'est, je vais en faire un peu, après tout, je trouverai bien quatre feuilles pour y donner... Je ne vais en prendre que 40 grammes "... Ah ! Ah !...
Ernest ARBAUD 40 grammes, Ah! Ah! Ah! ....
Denise GAUTHIER C'est que 40 grammes ça fait déjà Oh !!
Nous on en a eu fait 80 grammes, mais je te dirais, oh! nous en avions le plein second et après la dernière semaine la pleine remise.
Ernest ARBAUD Il y avait plusieurs sortes de vers, ils donnaient des cocons différents. Il y avait, le jaune ordinaire, le gros blanc, le japonais qu'on l'appelait, le cocon était petit, pas plus qros que ça, mais alors jaune or, on aurait dit de l'or, ceux-là se payaient plus cher, ils étaient plus fins, le rendement était pas pareil, les vers étaient beaucoup plus petits.
Rose MEYNIER À ce moment là il y avait des muriers de partout, il y en avait même qui venait acheter de la feuille, de VOLONNE, de ...
Ernest ARBAUD Ça se vendait la feuille, ça se vendait, ils en venaient de VALENSOLE, de SISTERON chercher la feuille. Eh ! Oh ! Ils venaient pas avec la camionnette, ils venaient avec le cheval.
Denise GAUTHIER Dans tous les champs, dans toutes les rives il y avait des muriers, ici, a Dabisse personne achetait la feuille, moi je me rapelle qu'on on en faisait beaucoup et on n'a jamais acheté la feuille.
Rose Meynier Et puis ici, on faisait les graines, à Paillerols elles étaient toujours une cinquantaine de femmes. Premièrement elles ramassaient les cocons, elles les enfilaient, elles les accouplaient quand ils étaient nés puis après ils les mettaient sur des toiles blanches, après il fallait ramasser la graine, ça faisait un travail fou.
Denise GAUTHIER Toutes les personnes âgées étaient allées travailler aux graines, Dis ! Eh ! ça faisait travailler.
Ernest ARBAUD Ils sélectionnaient les cocons, celui du mâle, et celui de la femelle n'avaient pas bien la même forme je crois; puis ils faisaient la graine...
La graine, nous quand on était gosse, des fois on s'amusait à garder des papillons, alors, on les mettait sur des toiles, ça fait tu vois, je sais pas, comme des oeufs de doryphore par exemple sur la feuille de pomme de terre, c'était collé contre.
Rose MEYNIER Maintenant peut être on trouverait plus de graines de vers à soie.
Ernest ARBAUD Si, si, il s'en fait encore un peu, il y a des régions où il s'en fait encore, pas comme avant...
Rose MEYNIER Ici, à Dabisse on trouverait plus guère de feuille.
Ernest ARBAUD Ici, il y aurait pas de feuille pour nourrir seulement 20 grammes de graines.
Denise GAUTHIER Tout le monde a arraché. A Paillerols de dessus, il y avait double allée de muriers.
Ernest ARBAUD Il n'y avait pas une bordure de champs qui n'avait pas de murier.
Denise GAUTHIER Nous, on avait une allée de muriers sur le lavoir.
Ernest ARBAUD Il fallait les entretenir les muriers, tous les trois ou quatre ans on les taillait. Quand le bois est trop gros, tu avances plus, par contre la première année de la taille la feuille valait pratiquement rien, elle faisait pas de soie, en principe on ne la prenait pas.
Denise GAUTHIER C'est vrai, c'est quand même une bête intéressante le vers à soie, toujours ça mange, toujours ça mange, et puis alors quand ils sont gros, tu entends ça fait un bruit quand on y a donné.
Ernest ARBAUD Ça fait crsh! crsh! crsh!
Denise GAUTHIER Mais il y avait des années où il y avait pas une grosse récolte, où que ça venait mal.
Ernest ARBAUD Quand ils faisaient trois kilos, trois kilos au gramme quoi, c'était presque exceptionnel. Trois kilos de cocons par gramme de graine, c'est-à-dire que si tu avais une once, par exemple, de 30 grammes, si tu avais 80, 90 kilos de cocons déjà, c'était beau.
Denise GAUTHIER Entre 80 et 90 kilos, c'était très joli.
Ernest ARBAUD Alors on disait, moi ils m'ont fait 3 kg !, ou 2 kg et demi, mais on parlait du gramme de graines avec le kilo correspondant de cocons quoi.
Denise GAUTHIER On mettait les vers à soie sur les cannisses, on allait couper des cannettes.
Ernest ARBAUD Il y en avait qui étaient outillés, ils avaient des cannisses en grillage, des cadres avec grillage , on faisait que mettre le panier dessus.
Mais, nous, on allait couper des roseaux à la Durance, on, faisait un lit de roseaux et puis on mettait un papier spécial, un papier grossier.
Denise GAUTHIER On achetait des rouleaux entiers, il y en avait de 120 de 80, ça dépendait comment ton élevage était.
Ernest ARBAUD Les papeteries faisaient un papier spécial pour ça.
Rose MEYNIER On mettait les roseaux, le papier dessus et après les vers à soie.
Ernest ARBAUD Et toutes les mues, tu nettoyais, tu mettais de la feuille à un endroit propre, quand les vers à soie étaient montés sur la feuille, tu les prenais et tu enlevais le fumier, et allez, en suivant.
Denise GAUTHIER C'était du travail. Ah !
Nous, nous les gardions là haut, au second.
Rose MEYNIER On les gardait dans les cuisines quand on pouvait.
Ernest ARBAUD Jusqu'à la deuxième mue, 30 ou 40 g, tiennent la moitié de la table.
Rose MEYNIER Quand ils éclosent, qu'ils sont petits, on leur coupait la feuille fine puis après un peu plus épaisse puis après ils la mangaient comme ça.
Denise GAUTHIER On faisait des poignées de feuilles et on les coupait avec le couteau, puis après la seconde mue, déjà tu coupais que ta feuille au milieu et après tu la coupais plus.
Rose MEYNIER Avec des hachoirs aussi on la coupait.
Ernest ARBAUD Dans une pièce comme ici, on faisait deux rangées de cannisses sur des étagères, bè ! lorsque tu en auras mis 20 grammes là dedans, tu sais tu en mettrais pas plus. Puis il leur fallait de l'air.
Denise GAUTHIER Il fallait le surveiller ça.
Ernest ARBAUD C'est souvent ça qui faisait venir " les cochons", le, gras. Ils étaient gras quoi ! A ce moment là ils ne faisaient pas de soie, ni rien du tout, ils pourrissaient quoi et puis alors, pardon eh! eh!
Denise GAUTHIER Oh! oh! abominable, quand tu enlevais ça dans le plat, oh, oh!...
Ernest ARBAUD Il y avait aussi une autre maladie la cannelle, ils venaient comme du plâtre, on appelait ça en patois "les cannellats" ils venaient durs comme du plâtre, cassants comme du plâtre.
Rose MEYNIER Ah! Oui, à la fin c'était surtout le cannellat qui portait tort, "le cochon", il y en avait des cochons mais pas comme le cannellat, quand ils avaient le cannellat, ça faisait plus rien...
Ernest ARBAUD "Le cochon", le vers à soie gras quoi, il y a des fois ça te coûtait un tiers de la récolte. Le cannellat, c'était contagieux, ça, quand il y en avait un qui l'avait il fallait faire attention, il ne fallait pas que le type qui avait ça , aille se promener dans l'élevage de l'autre.
Denise GAUTHIER Il y avait de mauvaises années, les gens ils riaient pas... Des fois tu avais rien, rien, rien. C'est arrivé que tu portais tout en Durance.
Ernest ARBAUD Ces maladies venaient en fin d'élevage, alors tu avais tout le travail, puis la dernière semaine quand tu mettais les bois pour qu'ils montent pour faire le cocon, à la place de monter, psstt ! ils descendaient...
Denise GAUTHIER Oh! Vaï! Tu sais, ils en ont vu dans un temps avec le vers soie.
Ernest ARBAUD Pour l'élevage il fallait compter un bon mois, et puis les derniers temps, tu sais, c'était pas de la rigolade.
Denise GAUTHIER Oh! la, la ! les derniers dix jours là, quand ils étaient à la "braffe"...
En général on leur donnait trois fois par jour, et quatre fois la dernière semaine ; souvent le matin à 6 heures, à 10 heures puis vers les 3 heures et le soir encore .
Ernest ARBAUD Quand on était jeune et que les vers à soie étaient à la "braffe", que le dimanche il te fallait aller ramasser la feuille tout le jour, c'était pas agréable.
Denise GAUTHIER On ramassait les feuilles dans des sacs, on mettait un cerceau au sac.
Ernest ARBAUD Tu voyais, par exemple, dans une pièce comme ici, de la feuille à cette hauteur là, c'est impensable que des petites bestioles comme ça, allaient manger toute cette feuille, bè vaï ! c'était vite fait.
La feuille, on la brassait, si le tas était un peu épais, on le brassait pour lui donner un peu de l'air, pour pas qu'elle chauffe.
Denise GAUTHIER On la ramassait la veille en général.
Ernest ARBAUD Même des fois tu sais, tu la ramassais le matin pour donner à midi.
Denise GAUTHIER Et alors, s'il pleuvait un peu, tu te mettais en retard. Il y a des années où il pleuvait tous les jours, où il y avait des orages.
Ernest ARBAUD Quand tu pouvais pas ramasser la feuille, tu faisais sauter un repas ou deux, mais ils prenait un peu de retard.
Denise GAUTHIER Toutes les semaines, ils dormaient, ils bougeaient pas, ils dormaient vraiment.
Rose MEYNIER Quand ils dormaient on ne leur donnait pas.
Ernest ARBAUD Alors, le petit machin brun du nez là, commençait à se dédoubler et ils faisaient comme les serpents.
Rose MEYNIER En filant, la peau restait.
Ernest ARBAUD Ils changeaient de peau, quand ils avaient fini la mue, ils étaient flétris, parce qu'ils avaient pris une peau pour se developper, pour devenir plus gros.
Alors, en parlant, quand on se voyait, on disait, moi les miens ils se réveillent de la deuxième, moi, ces jours-ci, ils vont dormir de la troisième...
Denise GAUTHIER À la fin, ils faisaient le cocon. Là on leur mettait des genêts, on faisait la cabane.
Ernest ARBAUD On allait chercher les genêts là-haut, dans le bois. Il en fallait beaucoup, il fallait les couper à la hauteur des étagères, un peu courbé là.
Denise GAUTHIER Quand on avait une belle récolte et que ça marchait bien ça montait de suite, le lendemain tu les voyais déjà dans le cocon, ça travaillait... et après tu les voyais plus, et allez les uns à côté des autres et ça filait.
Ernest ARBAUD Tu les voyais dans le cocon travailler avec le nez. Quand ils faisaient le cocon, tu les entendais filer. Ils commençaient de faire une espèce de bave tout autour, ça on l'enlevait, et après ils faisaient la forme du cocons dedans.
Denise GAUTHIER Il fallait qu'ils attrapent, ils faisaient comme les araignées, un peu loin puis après ils faisaient le cocon. Ah! C'était joli.
Ernest ARBAUD Après on les laissait, quand ils avaient fini de monter, on les gardait une dizaine de jours avant de décoconner, on les enlever du bois quoi. Ils fallait que le cocon soit bien fini. Et puis, le jour qu'on décoconnait, c'était la fête.
Denise GAUTHIER Ah! Oui! c'était la fête.
Rose MEYNIER Nous autres, nous mangions des biscuits ce jour-là. On ne faisait pas trop de sous alors, et c'est pour ça que ce jour-là, mon pauvre père était content, il nous apportait un peu de pâtisserie, et de toute l'année après on n'en voyait peut-être plus.
Ernest ARBAUD On s'entraidait les uns les autres, entre voisins, et suivant l'importance on commençait le matin à l'aube. On descendait les bois dans des paniers, on vidait ça sur une trousse et on enlevait les cocons qu'on mettait sur des bourras, des draps.
Denise GAUTHIER Et toute l'année on avait du petit bois pour allumer le feu.
Ernest ARBAUD Après on les débavait.
Denise GAUTHIER On avait une machine pour les débaver. Il y en avait trois ou quatre dans le pays, nous on allait toujours la chercher chez le Toussaint ARNAUD.
Ernest ARBAUD Elle a des petites barres de fer, il y en à trois, et alors en tournant la bave se roule là, tu voyais ces cocons qui tournaient, on aurait dit qu'ils se dévidaient.
Denise GAUTHIER Quand il y avait une belle récolte, il n'y en avait jamais de mauvais, mais ceux qui avaient le gras, ça s'attrapaient, ça tachaient les autres, et on le surveillait ça.
Ernest ARBAUD Ceux qui étaient abîmés on appelaient ça des chiques, ils les pesaient à part.
Rose MEYNIER Je sais pas ce qu'ils en faisaient des chiques, il y en a qui les achetait.
Denise GAUTHIER Quand on n'en avait puis même pas un demi-kilo on les portait pas. Mais il y a des années où il y en avait.
Ernest ARBAUD Je me rapelle, quand on était niston, pour le feu de la Saint Jean, on faisait le tour avec le charreton de l'ARNAUD, on allait chercher même dans les campagnes, les papiers, les. roseaux qui avaient servi à l'élevage et on faisait le feu de la Saint Jean avec ça. Les genêts on nous les donnait pas, ils les gardaient pour allumer le feu.
Les cocons étaient contrôlés par la régie. Il y avait le peseur officiel, ici, c'était GASTINEL qui pesait, c'était le receveur-buraliste. Parce que l'État donnait une prime. En plus du prix courant, il y avait une prime, tant par kilo. Le peseur te les pesait et tu les portais à ceux pour qui tu les faisais, le JUGY ou le JAUFFRET..
Denise GAUTHIER Moi, Je n'ai connu que le JUGY et le JAUFFRET. Ici, tout le monde en faisait, il n'y avait pas une maison sans vers à soie.
Ernest ARBAUD Chacun en faisait pour le large qu'il avait, nous on les faisait dans la chambre de derrière. On en faisait 15 grammes parce qu'on n'avait pas la place pour plus.
Rose MEYNIER On ne pouvait pas en faire plus que le large qu'on avait. Ca faisait quatre sous, c'était les meilleurs sous qu'on faisait de l'année ça.
Ernest ARBAUD Mon frère une fois il en avait fait en bas chez ESCUDIER, alors, regarde si c'était pénible, il faisait ça à la moitié. Il fournissait la place et la feuille et mon frère faisait le travail.
Rose MEYNIER Il y a beaucoup qui les faisaient à la moitié.
Ernest ARBAUD À la moitié c'était pas intéressant. Mais sinon, si tu les faisais pour toi, ça allait. Pour l'époque ça payait, vu le temps que tu travaillais. Il fallait compter un bon mois, mais tu avais quinze jours de travail réellement. Au début qu'est ce que c'est, c'est rien du tout. Le plus mauvais, c'est la fin, tu avais quinze jours de mauvais. Malgré tout pour le temps de travail, ça rapportait.
Denise GAUTHIER La dernière année qu'on en a fait, nous, c'est l'année que Jeannot est né, je me rappelle, parce que ma mère était là-bas avec Rose. Jeannot, il me semble qu'il est né en 36. Je me rappelle de ça, on ne les avait pas fait éclore là, dans la cuisine. On m'avait fait un petit support et j'avais quatre étagères. On n'en avait que 20 grammes premièrement et puis, à la seconde allez, "les jaunes, les cochons" sont venus, oh! pétard ! ...
Ernest ARBAUD Moi je me suis marié en 42 et avec la femme nous en avons fait au moins pendant deux ou trois ans sinon plus.
Rose MEYNIER Je ne sais pas, moi, ça a disparu, maintenant, de partout, on n'en entend plus parler.
Ernest ARBAUD Disparu, c'est-à-dire que c'est comme tout, c'est le progrès qui a fait ça, maintenant il y a la soie artificielle et puis l'autre ça vient trop cher, ça vient trop cher la vraie soie. Maintenant il y a beaucoup de choses qui remplacent la soie. Dans un temps celui-là il avait un foulard de soie, une chemise de soie...
Maintenant ça n'existe plus...


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